L'association entre crises d'asthme et infection virale respiratoire est connue chez l'enfant. Chez les petits nouvellement scolarisés, par exemple, le contact avec de nouveaux virus correspond à des hospitalisations pour asthme fréquentes. L'hypothèse d'une action synergique entre allergènes et virus est étayée par un certain nombre de travaux expérimentaux.
Chez l'adulte, il existe peu d'études cliniques sur le sujet et aucune n'avait encore cherché à vérifier, chez des patients déjà sensibilisés, la relation entre l'exposition à un ou plusieurs allergènes et la survenue d'une infection virale dans l'aggravation d'un asthme, nécessitant une prise en charge à l'hôpital.
C'est chose faite avec l'étude britannique publiée dans le « British Medical Journal ». Rosalind M. Green et coll. ont montré une corrélation élevée entre tous ces facteurs, en analysant les données de 60 patients, âgés de 17 à 50 ans, hospitalisés pour crise d'asthme. Ils les ont comparés à deux groupes témoins : 58 patients suivis en consultation externe pour un asthme stable et 59 patients hospitalisés pour autre chose qu'un asthme. Pour chaque participant ont été vérifiés :
- par tests cutanés et dosage des IgE totaux et spécifiques, le statut allergique vis-à-vis des acariens (Dermatophagoides pteronyssinus), des chats, des chiens, des blattes, des végétaux (herbe et arbre), des champignons (Trichophyton, Aspergillus, Alternaria) ;
- par lavage nasal, la présence ou non de virus ou de bactéries atypiques ;
- enfin, le niveau d'exposition à domicile, par prélèvement de poussière et détermination des allergènes (Der p 1, Fel d 1, Can f 1, Bla g 2) dans les matelas, la literie, les revêtements de sol et muraux.
Des virus respiratoires (picornavirus et coronavirus) ont été détectés chez 31 des 177 patients de l'étude (17 %), avec une fréquence significativement plus élevée dans le groupe des patients hospitalisés pour asthme (28 % contre 18 % des asthmatiques vus en consultation et 9 % des non-asthmatiques).
A contrario, aucune différence significative n'a été observée chez les asthmatiques (hospitalisés ou non) quant à la réponse aux tests cutanés. La fréquence des tests positifs était identique et globalement supérieure à celle des non-asthmatiques. Pour les IgE spécifiques, la même tendance était observée, la différence entre les deux groupes d'asthmatiques ne concernant que les IgE totaux.
En revanche, chez les patients asthmatiques hospitalisés, il a été observé plus souvent une convergence entre une sensibilisation à l'un des allergènes (acarien, chat, chien) et leur présence au domicile : 66 % d'entre eux étaient concernés, contre 37 % des non-hospitalisés (15 % des non-asthmatiques).
Réduire le taux d'allergènes
L'analyse des facteurs de risque montre qu'une sensibilisation à un ou plusieurs allergènes ne suffit pas à provoquer une hospitalisation. Seuls les patients déjà sensibilisés, exposés à un taux élevé d'allergènes, ont un risque accru d'exacerbation de leur asthme. De même, la présence d'un virus ne constitue pas, à elle seule, un facteur de risque. Mais l'association d'une sensibilisation préalable, d'un niveau d'exposition élevé et d'un virus détecté au lavage est corrélée de manière significative avec un risque d'hospitalisation.
Ces résultats « sont contraires à ceux observées par plusieurs études chez l'enfant, qui avaient montré une relation forte entre l'infection virale et l'exacerbation de l'asthme ». Ils suggèrent que, chez l'adulte, « en l'absence de mesures efficaces visant à prévenir l'infection virale, il est nécessaire de réduire le niveau d'exposition aux allergènes ».
« British Medical Journal », vol. 324, 30 mars 2002, pp. 763-766.
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