CONGRES HEBDO
« Ce n'est pas encore cancéreux, mais il faut hospitaliser d'urgence... », " Vous êtes guéri, mais il faudra vous surveiller tous les six mois...", " Madame, vous êtes porteuse d'un kyste du sein, vraiment peu de chose... pour lequel une hospitalisation s'impose rapidement afin d'enlever et d'examiner ce kyste, une chimiothérapie et une radiothérapie seront aussi nécessaires... », ces exemples de paradoxes multiples en cancérologie avec confusions sémantiques, voire retournement du sens et injonctions paradoxales sont particulièrement fréquents. Cette confusion d'information au départ risque, s'il n'est pas rattrapé à temps, de conditionner toutes les difficultés ultérieures relationnelles du cancéreux en particulier lors des rechutes ou en période de fin de vie, confinant le malade dans l'isolement. « Celui qui reçoit ce message subliminaire est sous dépendance, c'est un message implicite de dépendance », souligne le Dr Robert Fresco. Ces pièges relationnels ne sont pas spécifiques de la cancérologie mais se retrouvent dans les situations où il existe une menace morale, intellectuelle, physique, « une menace sur la vie tout court », insiste le spécialiste.
Toutes les enquêtes montrent bien les vieilles réticences des médecins à délivrer « l'information-cancer » - car le médecin délivre une information vécue comme mortifère. Il est lui-même piégé, cela s'ajoute au dysfonctionnement relationnel entre médecin-malade, alors que le patient a une soif considérable d'information sur son cancer (89 à 98 % des patients selon l'enquête de Pemberton Beatysont désireux d'en savoir plus sur leur maladie).
Pour remédier à ces pièges relationnels, il existe des recommandations en matière d'information du malade cancéreux et de son entourage :
- la progressivité en raison de la sidération affective que provoque l'information-cancer ;
- l'adaptation à la personnalité ; l'information adaptée ne signifie pas une « non-information » ou une information « travestie », même si une minorité de patients désire ne pas savoir ;
- la répétition ; la répétition est nécessaire en raison de la sidération affective devant l'information-cancer ;
- la diffusion limitée de l'information en raison de la nécessité de protection du malade au nom du secret médical ; toutefois, cette information devra être donnée au médecin traitant et à l'équipe soignante pour aboutir à la cohérence de l'information. L'incohérence de l'information peut générer des angoisses pour le malade ; dans certains cas, cela peut aboutir à une rupture thérapeutique ou au changement de médecin ou de chirurgien traitant.
D'après un entretien avec le Dr Robert FRESCO, secrétaire général de la Société française de pyscho-oncologie.
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