Personnes âgées dépendantes

Evaluation des soins nécessaires par le modèle PATHOS

Publié le 14/11/2007
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Photographie

Outil élaboré en partenariat par le Syndicat national de gérontologie clinique (SNGC) et le service médical de la CNAMTS, le modèle PATHOS évalue, à partir de situations cliniques observées, les soins médico-techniques nécessaires pour assumer la prise en charge de toutes les pathologies d'une population de personnes âgées, en établissement ou à domicile.

Outil de « coupe transversale », il donne la « photographie » d'une population à un moment donné, dans un objectif de comparaison de services, de structures ou de populations.

Généralités

Le modèle consiste à identifier, sur un thésaurus de 50 états pathologiques, tous ceux dont souffre la personne le jour de l'évaluation. Mais l'état pathologique seul ne suffit pas pour indiquer les moyens à mobiliser pour sa prise en charge, il doit être caractérisé par son ambiance de soins nécessaires : son profil de soins ou profil de stratégie thérapeutique. Chaque état pathologique présenté sera donc qualifié par un des 12 profils de soins possibles indiquant la « gravité » de l'état pathologique.

Par soins nécessaires, on entend ce qui est incontournable : «soigner utile en est l'objectif, la persévérance raisonnable en est la philosophie, autant opposée à l'abandon coupable qu'à l'acharnement malsain...».

Le modèle PATHOS permet donc d'évaluer les niveaux de soins nécessaires pour la prise en charge des pathologies dans une population à un moment donné. A domicile ou en établissement, il décrit la situation clinique des personnes et mesure un certain nombre d'indicateurs, données utilisables au niveau d'un individu ou d'un ensemble d'individus.

A un état pathologique particulier ne correspond qu'un nombre limité de profils plausibles. Ainsi, 250 couples « état pathologique-profil » et non 600 (50 x 12) décrivent l'ensemble des situations pouvant être réellement rencontrées en gériatrie.

In fine, le modèle détermine avec son logiciel, pour l'ensemble des couples « état pathologique-profil » présentés par une personne, les niveaux de soins nécessaires à sa prise en charge dans huit postes de ressources représentant les huit « acteurs » de soins : médecin, psychiatre, infirmier, rééducation, psychothérapie, biologie, imagerie et pharmacie.

Lorsque l'on a renseigné PATHOS sur un groupe de personnes, ces huit indicateurs, calculés pour une population, donnent les niveaux de soins nécessaires pour le groupe dans chacun des huit postes de consommation de ressources, exprimés en points, correspondant à des unités différentes selon les postes de soins (rapportés à une valeur maximale 100).

Niveau moyen de soins

Le niveau moyen de soins nécessaires par personne est le niveau global divisé par le nombre de personnes.

1. Au niveau individuel

Comme le modèle AGGIR, PATHOS n'est qu'un des éléments de l'ensemble des informations indispensables à la mise en place d'un plan d'aides et de soins personnalisé. En dehors de toute ambition épidémiologique, il constitue un bon instrument de description synthétique de l'état de santé d'une personne âgée.

2. Au niveau collectif

Comme AGGIR, mais dans le champ spécifique des soins médicaux et techniques, c'est un excellent outil de comparaison de services ou de populations, démarche qui a guidé sa mise en place et qui permet :

– d'apporter une aide dans l'analyse et la gestion des services, unités, ou toute autre structure, en caractérisant leur recrutement, en évaluant les besoins réels des populations prises en charge, en les comparant à une moyenne nationale pour les structures similaires et en les confrontant aux moyens mobilisables ;

– de donner un éclairage particulièrement riche d'enseignements dans le cadre du financement des structures dans les champs sanitaire et médico-social, souvent hétérogènes et ne disposant pas tous de systèmes d'information médicalisés. Evaluant les soins nécessaires, il peut en outre être confronté aux systèmes existants mesurant les seuls soins dispensés ;

– de participer à la planification dans le domaine gérontologique en apportant un ensemble d'informations sur la typologie et la gravité des pathologies des personnes accueillies, ainsi que sur le fonctionnement des filières et des réseaux.

PATHOS est avant tout un outil analytique, mais le PATHOS moyen pondéré ou PMP (comparable au GIR moyen pondéré du modèle AGGIR) globalise les huit types de ressources à mobiliser en un indicateur unique permettant de déterminer, à côté du GIR moyen pondéré, le poids moyen des soins médicaux et techniques requis dans un établissement.

C'est donc désormais le GMP et le PMP qui sont intégrés dans les formules de calcul de dotation soin de chaque EHPAD ou service de soins de longue durée.

Ces divers éléments permettent :

– de prendre en compte la polypathologie en saisissant l'ensemble des états pathologiques présentés par une population de personnes âgées ;

– de caractériser les états pathologiques par un profil de soins déterminant les ressources à mobiliser en soins nécessaires médicaux et techniques ;

– de déterminer un indicateur par ressource mobilisée dans chacun des huit secteurs de soins concernés ;

– de déterminer un indicateur global pour Le PMP de l'ensemble des ressources à mobiliser pour une population.

Médecin traitant

Mais, pour recueillir les informations médicales nécessaires à l'évaluation PATHOS en EHPAD, le concours du médecin traitant est incontournable, c'est pourquoi sa rencontre avec le médecin coordonnateur ou à défaut la tenue d'une fiche médicale est indispensable à une bonne évaluation de chaque pensionnaire.

En résumé, le modèle PATHOS comporte :

*Un thésaurus de 50états pathologiques représentant 98 % des situations cliniques rencontrées en gériatrie.

*Douze profils de stratégie thérapeutique ou profils de soins, chaque état pathologique repéré étant caractérisé par un profil et un seul :

T1: soins importants et multiples avec surveillance médicale quotidienne.

Pronostic vital en jeu dans l'immédiat.

T2: équilibration et surveillance rapprochée.

Surveillance médicale pluri-hebdomadaire et permanence infirmière 24h/24.

P1: soins de prise en charge psychiatrique de crise.

P2: soins de prise en charge psychiatrique continue, soutien psychothérapique.

R1: rééducation fonctionnelle intensive, le plus souvent individuelle.

R2: rééducation fonctionnelle d'entretien, le plus souvent collective, ou allégée chez un patient ne pouvant supporter une rééducation intensive.

CH:plaies, soins locaux complexes et longs (opérés récents, plaies importantes, dermatose), mobilisant l'infirmière au moins 30 min tous les deux jours.

DG:investigations pour un état non diagnostiqué.

M1: soins palliatifs lourds psychothérapiques et/ou techniques.

M2: soins palliatifs d'accompagnement d'affections terminales conduisant au décès à plus ou moins longue échéance.

S1:surveillance épisodique programmée au long cours des affections chroniques stabilisées et de leurs traitements.

S0:absence de toute surveillance ou de traitement (pathologie sequellaire, traitement inutile ou inefficace...).

*Huit postes de ressources ou postes de soins médico-techniques nécessaires mis en oeuvre de façon variable selon chaque couple état pathologique-profil :

1. médecin gériatre (généraliste),

2. médecin psychiatre,

3. soins infirmiers,

4. rééducation (kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie...),

5. psychothérapie ordonnancée,

6. biologie,

7. imagerie (actes en K et Z),

8. pharmacie et petit matériel.

> Dr JEAN-MARIE VETEL Gériatre (Le Mans).

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8257