Testée depuis six mois dans quatre régions pilotes, toutes au nord de la Loire (Basse-Normandie, Lorraine, Nord - Pas-de-Calais et Ile-de-France), l'évaluation des pratiques professionnelles en médecine libérale (EPP) pourrait connaître une montée en charge significative dans les mois à venir. Il n'est jamais trop tard : le décret qui encadre cette démarche qualité date de décembre 1999.
Les unions régionales de médecins libéraux souhaitent en tout cas que l'expérience soit élargie. Très satisfaites d'un premier bilan d'étape, les vingt-six unions ont décidé à la quasi-unanimité (une abstention) d'étendre l'expérimentation à toutes les régions volontaires.
Le Dr Patrick Brézac (Pays de la Loire), président de la Conférence nationale des présidents d'union, est dithyrambique. « L'expérimentation de l'évaluation n'a fait l'objet ni de protestations ni de refus. L'adhésion des médecins volontaires s'est faite dans la confiance car les unions garantissent l'indépendance d'une démarche unique au monde », affirme-t-il.
Les premiers chiffres de l'EPP, même s'ils restent modestes au regard des 120 000 médecins libéraux potentiellement concernés , encouragent les présidents d'union. Cent trente-trois médecins évaluateurs, ou plutôt habilités, ont été recrutés et formés par l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES), parmi plus de 600 candidats, pour accompagner leurs confrères dans l'évaluation. Ces médecins habilités, tous des libéraux en exercice, ont eux-mêmes disséqué leur pratique au préalable. A la fin de cette année, ils seront 500. A ce jour, 180 médecins volontaires (50 % de généralistes et 50 % de spécialistes) sont effectivement entrés dans la démarche d'évaluation, soit individuellement, soit collectivement par le biais de groupes de pairs de même activité. « Il y a eu plus d'un millier de candidats à l'évaluation, précise le Dr Nicolas Brugère (Aquitaine), vice-président de la Conférence. Six cents dans le Nord - Pas-de-Calais, 250 en Basse-Normandie, où nous avons procédé par tirage au sort, 370 en Lorraine... Qui aurait pu croire cela? »
Coût de l'EPP : 1 200 euros par médecin
Au-delà de l'adhésion des médecins à cette démarche, qu'il faudra évaluer sur plusieurs années, l'extension de l'EPP risque de se heurter à la question du financement. Pour l'instant, seuls les budgets propres des unions ont été mis à contribution. Ils ne sont pas extensibles. Or le coût moyen de l'évaluation atteint 1 200 euros par médecin, à répartir notamment entre la rémunération du praticien habilité (36 C, soit 720 euros pour trois demi-journées d'intervention), la formation, les charges diverses, etc. « Le facteur financier est limitant », admet le Dr Brézac. Surtout si les unions refusent les ressources proposées dans le cadre du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV). « Dans tous les dossiers FAQSV, nous avons constaté que les URCAM (unions régionales des caisses d'assurance-maladie) ne jouent pas leur rôle de garant de la démarche », explique le Dr Brézac. En clair, la profession tient à garder la maîtrise de l'EPP et, « par expérience », redoute l'interventionnisme de l'assurance-maladie.
Volontairement prudentes, les unions estiment que le bilan de l'EPP ne sera possible qu'en 2005. Mais beaucoup ne boudent ni leur plaisir ni leur fierté. Le Dr Pierre Monod, président de l'union Languedoc-Roussillon, a sans doute le mot juste. « La qualité, ça se construit, et il n'est pas si fréquent d'inventer des trucs qui marchent. »
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