SOUVENT, on entend dans les discours utiliser indistinctement les termes dépendance ou perte d'autonomie, comme s'il s'agissait d'un même état ; c'est une erreur, venue d'un souhait de parler de façon politiquement correcte, que l'on redresse facilement en précisant la définition de chacun de ces deux termes dans le contexte qui est le nôtre :
– autonomie : pouvoir de décider soi-même la conduite de sa vie ;
– dépendance : obligation de recourir à l'aide d'un tiers (homme ou machine) pour effectuer un à plusieurs actes de la vie quotidienne.
Ainsi, un handicapé en fauteuil roulant peut être cependant autonome. Un sujet présentant un déficit intellectuel de type Alzheimer a perdu son autonomie malgré sa validité locomotrice. Tous deux sont dépendants.
En pratique, il est important d'évaluer cette dépendance pour pouvoir apporter l'aide nécessaire et choisir les moyens de fournir cette aide, en fonction des données propres à chaque patient : sa situation familiale, ses revenus, ses souhaits.
Concernant la prévalence de la dépendance, l'augmentation du pourcentage des sujets de plus de 75-80 ans dans tous les pays industrialisés, assortie d'un accroissement de leur longévité, a fait apparaître un nouveau risque : le risque « dépendance » s'impose désormais au législateur à côté des autres charges.
L'évaluation correcte de la dépendance est nécessaire à la gestion de celle-ci, tant d'un point de vue pratique qu'économique. Il est utile de quantifier la dépendance pour l'évaluation thérapeutique, pour pouvoir adapter les services aux besoins et apporter seulement les aides nécessaires car il est toujours plus important de stimuler les sujets que de pallier des fonctions encore existantes.
Activités de base, instrumentales, élaborées.
Il existe de nombreuses échelles, évaluant la dépendance pour les activités de la vie quotidienne :
– les activités de base, permettant au sujet de s'occuper de lui-même, comme marcher, s'habiller, se laver, se nourrir, etc. ;
– les activités instrumentales, qui correspondent à des activités plus complexes, et qui sont réellement nécessaires à une meilleure qualité de la vie (comme faire les courses, cuisiner, tenir ses finances, etc.) ;
– et des activités élaborées faisant référence à la culture, aux croyances et aux aptitudes de chacun à créer (faire de la musique, écrire, peindre…).
Pour les patients atteints de maladie (MA) ou équivalents, la perte des capacités commence par la perte des activités élaborées, puis des activités instrumentales et, enfin, des activités de base, entraînant alors une dépendance pour les actes de la vie quotidienne. Plusieurs échelles peuvent être utilisées :
– à domicile, l'IADL, pour mesurer la perte des activités instrumentales, et la DAD, pour la perte de l'initiative des gestes ;
– en institution, l'ADL, pour les patients atteints de MA ;
– la grille AGGIR permet de quantifier le besoin d'aide, elle est utilisée pour obtenir l'APA (prestation autonomie), à domicile et en institution.
L'étude Paquid a montré que quatre activités instrumentales étaient d'abord touchées chez les patients ayant une MA : la gestion des finances, du traitement médicamenteux, les appels téléphoniques et l'utilisation de transports publics. Enfin, ce sont les activités de base de la vie quotidienne qui sont altérées, celles qui permettent au sujet de s'occuper de lui-même de façon autonome.
Gériatre à Broca-CMRR Paris Sud et MEDFORMA, Paris.
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