LE QUOTIDIEN - La question de la santé du président de la République doit-elle rester un sujet privé, protégé par le secret médical, ou nécessite-t-elle d’être traitée dans le débat public ?
EVA JOLY - La santé, pour le président ou la présidente de la République, comme pour tous les citoyens, est d’abord une question privée, intime même. Le secret médical est un principe fondamental préservé depuis qu’existe la médecine, et le président y a droit – comme tout le monde. Il peut communiquer aux citoyens certaines informations, s’il le souhaite. Sinon, c’est seulement en cas d’empêchement médical que la santé du président ou de la présidente doit arriver sur la place publique.
Quels enseignements tirez-vous des événements survenus à cet égard lors des mandats de Georges Pompidou et de François Mitterrand ?
Si la question de la santé se pose si fréquemment concernant la fonction présidentielle, si elle prend un tour aussi crucial ou parfois dramatique, ce n’est pas tant en raison des maladies mortelles de Georges Pompidou ou de François Mitterrand, de l’AVC de Jacques Chirac ou du malaise de Nicolas Sarkozy, au début de son quinquennat. C’est en raison de la place prééminente mais totalement excessive que nous accordons au rôle présidentiel, comme si la vie de la Nation dépendait de la vie du président. Dans la VIe République que je propose, le pouvoir exécutif ne sera pas dirigé par une seule personne, aussi punissante politiquement qu’elle peut être humainement fragile, mais par un collectif : le gouvernement dirigé par le Premier ministre, en relation constante avec le Parlement. Personne ne panique dans les autres pays de l’Union européenne (UE) quand on apprend que le Premier ministre anglais, italien ou espagnol a fait un malaise ou semble souffrant.
Envisagez-vous de prendre personnellement des engagements pour garantir, si vous êtes réélue, la transparence au sujet de l’information sur votre santé ?
J’envisage une règle : communiquer une fois par an à la Cour constitutionnelle, que je veux établir (et qui ne sera plus composée sur un critère de proximité avec le pouvoir politique), mon bilan de santé. C’est cette cour qui pourra in fine constater une situation d’empêchement médical.
Pensez-vous que la Constitution soit suffisamment précise pour les cas d’empêchement médical du président ?
La Constitution n’est pas parfaite s’agissant de l’éventuel empêchement présidentiel. Aujourd’hui, l’empêchement peut être constaté par le Conseil constitutionnel s’il est saisi par le gouvernement. Cela place le gouvernement dans une position très difficile ! C’est pourquoi je préfère impliquer la Cour constitutionnelle.
En tant que candidate, êtes-vous disposée à fournir des informations concernant votre état de santé actuel ?
Il faudrait préciser de quels types d’informations vous parlez. D’un point de vue général, je répondrais plutôt non. Il n’y a aucune information concernant mon état de santé que je juge utile à la qualité du débat présidentiel !
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