Les militants socialistes, le 2 décembre, puis la convention du parti socialiste pour l’égalité des chances le 9 pourraient bien adopter le principe d’une légalisation de l’euthanasie pour les malades incurables en fin de vie. Le texte sur "l’égalité réelle" coordonné par Benoît Hamon et auquel le conseil national du PS a donné son feu vert mardi 9 novembre comporte en effet un paragraphe intitulé "droit de finir sa vie dans la dignité", qui ouvre cette possibilité.
A l’origine, ce texte un peu fourre tout sur l’égalité n’abordait pas la fin de vie, alors même qu’il se montrait plutôt audacieux sur d’autres questions de société, favorable par exemple au mariage ou à l’adoption pour les couples homosexuels. Ainsi, la version du 2 novembre présentée par Benoît Hamon évoquait la dépendance et son financement, elle plaidait aussi pour que le forfait supplante le paiement à l’acte dans la rémunération des médecins généralistes, et pour un début de conventionnement sélectif en zones surdotées, mais elle ne pipait mot sur la fin de vie.
Visiblement, le lobbying mené depuis par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui a célébré le 2 novembre sa troisième « Journée pour le droit de mourir dans la dignité » a dû convaincre le PS d’intégrer la légalisation de l’assistance médicale à l’euthanasie. À moins que ce ne soit le dernier sondage grand public publié à cette occasion et qui révélait que 94% des Français étaient favorables à ce que la législation sur la fin de vie évolue en ce sens.
La reprise de la proposition Fabius
Toujours est-il que la version définitive du texte pour « L’égalité réelle » propose de légaliser l’euthanasie dans certaines situations et que « toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée et qu’elle juge insupportable, puisse demander à bénéficier d’une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité. »
Même si le PS constate que « les traitements anti-douleurs, les soins palliatifs et l’arrêt de l’acharnement thérapeutique autorisé par la loi de 2005 » sont des progrès notables et « doivent être encouragés », il observe que certains malades demeurent sans solution et « doivent avoir la liberté et le droit de partir dans la dignité, entourés de ceux qu’ils aiment, sans avoir à se placer eux-mêmes, leur famille et les équipes soignantes dans l’illégalité. » Le PS propose donc que, comme aux Pays-Bas et en Belgique, une assistance médicale pour mourir puisse être demandée, bien entendu « dans un cadre très strict et protecteur sous le contrôle d’un collège de médecins. »
La proposition du PS reprend presque mot pour mot le texte de la proposition de loi que l’ancien premier ministre Laurent Fabius avait déposé en mars 2008 suite aux affaires Vincent Humbert et Chantal Sébire. Cependant, c’est la première fois qu’un document programmatique engageant le parti socialiste reprend à son compte l’idée de changer la loi actuelle pour, dans certaines circonstances, autoriser l’euthanasie. Rappelons néanmoins que ce texte sur l’Egalité réelle a été adopté sur fond de polémique, la droite du parti ne s’y retrouvant guère. Il n’est donc pas impossible que, sur la question de la fin de vie aussi, le consensus ne soit pas parfait au sein du PS... L’initiative du PS devrait néanmoins apporter de l’eau au moulin des pros-euthanasie. Suite à trois propositions en ce sens de la part de sénateurs PS, PC et UMP, un débat est en effet prévu en janvier prochain au Palais du Luxembourg.
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