Euthanasie : Kouchner veut ouvrir le débat « dans les prochaines semaines »

R EAGISSANT à un sondage IFOP publié dans « le Journal du Dimanche », selon lequel 38 % des Français sont « absolument favorables » à l'autorisation, « pour les médecins, de mettre fin sans souffrance à la vie de personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent », 50 % s'y déclarant « favorables dans certains cas » et 10 % s'y disant opposés, Bernard Kouchner a annoncé qu'il souhaitait ouvrir le débat sur la question en réunissant « dans les prochaines semaines » les sages, les médecins et les associations de malades.

Ce sondage est, selon le ministre délégué à la Santé, « la preuve qu'il y a une évolution formidable de notre société ».« 88 % des Français disent qu'il faut se pencher sur le problème du suicide assisté, ajoute-t-il, en indiquant qu'il préfère cette expression à celle d'euthanasie, qui « porte, selon lui, une notion de violence qui (lui) répugne ».
« Dans la réalité, estime Bernard Kouchner, les choses ne sont pas toujours aussi simples (...) ; il y a toujours un espoir (...). C'est là que le choix de mettre fin à la vie devient difficile. »
Interrogé sur la légalisation formelle de l'euthanasie qui vient d'être adoptée aux Pays-Bas, le ministre, tout en soulignant les barrières « très contraignantes » que la loi hollandaises a mise « au droit au suicide assisté », a estimé que cette direction « doit nous inspirer, mais pas à l'identique, et pas tout de suite ». « En France, a-t-il souligné, il y a encore d'énormes efforts à faire pour que les gens puissent mourir dignement sans souffrance et entourés de leurs proches ».
Evoquant la question des soins palliatifs, selon lui encore insuffisamment développés, il a conclu que « la question de l'euthanasie se pose pour les souffrances insupportables, sans oublier les gens en fin de vie qui ne souffrent pas mais qui veulent mourir dignement ».