En 2001, la population mondiale a payé un lourd tribut à la pathologie cardio-vasculaire avec 16 millions de décès notifiés (26 % de l'ensemble des décès). Le Pr M. E. Bertrand (Lille) a rappelé que l'objectif de l'étude EUROPA* était d'évaluer les effets bénéfiques du perindopril, dont l'efficacité dans le traitement de l'hypertension artérielle et de l'insuffisance cardiaque est déjà bien documentée, sur la mortalité cardio-vasculaire et le risque d'événements cardio-vasculaires chez des coronariens stables. EUROPA (European trial on Reduction Of cardiac events with Perindopril in stable coronary Artery disease) est la plus importante étude randomisée, en double aveugle, menée chez des patients atteints d'une maladie coronarienne stable sans signes cliniques d'insuffisance cardiaque. Le perindopril a été choisi pour cette étude en raison de son affinité pour les enzymes de conversion et de ses propriétés anti-athérogènes et anti-ischémiques, a précisé le Pr R. Ferrari (Italie) mais aussi pour son efficacité sur vingt-quatre heures, notamment dans le contrôle de la pression artérielle, et pour sa simplicité d'utilisation et sa bonne tolérance a poursuivi le Pr M. L.Simmons (Pays-Bas).
Une baisse de 20 % du critère principal
Le premier patient a été sélectionné en octobre 1997, le dernier en février 1999 pour l'étude générale et en juillet 2000 pour les sous-groupes. Les patients ont été suivis pendant quatre ans. Au total 12 218 sujets provenant de 24 pays européens ont été inclus dans l'étude. Après une phase de run-in de quatre semaines pendant laquelle le traitement par perindopril a été prescrit à la dose à la dose de 4 mg/j puis de 8 mg/j, les patients ont été répartis de façon aléatoire afin de recevoir soit 8 mg de perindopril (n = 6 110), soit un placebo, en plus de leur traitement habituel. Les critères d'inclusion étaient simples : être âgé de plus de 18 ans, présenter une maladie coronarienne stable documentée, sans signes d'insuffisance cardiaque ni indication thérapeutique de revascularisation.
Les patients étaient déjà suivis et traités : 92 % recevaient un antiagrégant plaquettaire, 62 % un bêta-bloquant et 58 % un hypolipémiant. Six mille cent dix patients ont reçu 8 mg de perindopril et 6 108 un placebo en complément de leur traitement optimal,.
Le perindopril a réduit l'incidence du critère de jugement principal, associant mortalité cardio-vasculaire, infarctus du myocarde et arrêts cardiaques, de 10 %, 11 %, 14 % et 20 % (p = 0,0003) après un, deux trois et quatre ans de suivi respectivement, a précisé le Pr W. J.Remme (Pays-Bas).
A cette réduction étaient associée une baisse de 11 % du nombre total des décès, de 24 % (p < 0,001) de l'incidence des infarctus du myocarde et de 39 % (p = 0,002) de celle de l'insuffisance cardiaque. Ces bénéfices ont été observés dans tous les sous-groupes de patients, qu'ils soient âgés, hypertendus, diabétiques, fumeurs, hypercholestérolémiques, ou sans risque documenté. L'observance du traitement a été excellente atteignant 80 % au 36e mois, a confirmé le Pr Remme. Seulement 1 % des patients ont abandonné l'étude pour hypotension.
« Cette étude aura des répercussions importantes sur le traitement de la maladie coronarienne », a précisé le Pr Kim Fox (Royaume-Uni). « Ajouté au traitement optimal, le perindopril pourrait prévenir 50 000 crises d'angor ou de décès d'origine cardio-vasculaire sur une période de quatre ans dans un pays comme la France », a-t-il ajouté. « Le perindopril devrait désormais faire partie intégrante du traitement de base de tout coronarien », a conclu le Pr J.-P. Bassand, chairman de la session.
Les résultats de l'étude EUROPA, présentés en hotline, ont été publiés dans l'édition online du Lancet daté du 1er septembre : http://image.thelancet.com/extras/03art7384web.pdf
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