L’IDÉE de créer un réseau de banques dédié aux maladies rares est née de la conjonction de plusieurs facteurs, à savoir l’offre spontanée des familles atteintes, la difficulté pour les chercheurs de trouver des échantillons de familles « informatives », le développement des recherches sur le génome et la création de la Banque de tissus pour la recherche (BTR)-Association française contre les myopathies (AFM)-Généthon.
«EuroBioBank a été lancé par deux associations de patients, explique Anne-Marie Bodin (assistante de projet EuroBioBank, Paris) : l’AFM et l’Organisation européenne des maladies rares (Eurordis, European Organisation for Rare Diseases) , qui coordonne le réseau depuis le début. L’AFM a contacté les partenaires fondateurs, via diverses collaborations, notamment le Téléthon Italie.» Ses protagonistes ont saisi l’occasion offerte par le cinquième programme-cadre de recherche et développement (Pcrd) de l’Union européenne (1998-2002) pour proposer leur projet de réseau européen de banques d’ADN, de cellules et de tissus de patients atteints de maladies rares.
Une première version du projet, rejetée, a été soumise en 2001, puis une deuxième, incluant de nouveaux partenaires, au début de 2002. Ce deuxième projet a été accepté quatre mois plus tard. La même année, EuroBioBank a pris des contacts avec d’autres réseaux, certains plus larges (Cabri, Common Access to Biological Resources and Information, Ebrcn, European Biological Resource Centers Network) et d’autres plus spécifiques et ciblés (Nbuk, réseau neuro-musculaire britannique).
La charte qui régit l’organisation d’EuroBioBank et le statut de ses membres a été finalisée en janvier dernier. La liste complète des partenaires est disponible sur le site EuroBioBank*.
Depuis 2003, plus de 60 études réalisées avec des échantillons collectés par les partenaires d’EuroBioBank ont été publiées, note Anne-Marie Bodin. Parmi les publications les plus récentes, deux sont particulièrement intéressantes. La première a permis de mieux comprendre la pathogenèse moléculaire de la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (1). Elle révèle que les cellules musculaires humaines réagissent différemment des cellules animales au transfert de gènes. Dans la seconde étude, menée sur les vecteurs adénoviraux pour la thérapie génique, les auteurs ont montré qu’il était possible d’utiliser un autre adénovirus humain que le sérotype 5 pour le transfert de gène dans le muscle (2).
En période de transition.
EuroBioBank a bénéficié d’un financement de l’Union européenne pendant trois ans, de janvier 2003 à janvier 2006. Le réseau se trouve actuellement dans une période de transition. «EuroBioBank a établi un plan financier pour maintenir les liens entre les partenaires et le site, indique Anne-Marie Bodin. Le réseau intégrera le réseau d’excellence Treat-NMD (Translational Research in Europe – Assessment and Treatment of Neuromuscular Diseases) en 2007, projet européen du sixième programme-cadre. Il prépare un projet dans le cadre du septième Pcrd.» Enfin, il est prévu d’élargir le réseau en intégrant de nouveaux membres.
* www.eurobiobank.org.
(1) Gabellini D, D’Antona G, Moggio M, Prelle A, Zecca C, Adami R, Angeletti B, Ciscato P, Pellegrino MA, Bottinelli R, Green Michael R, Tupler R Facioscapulohumeral Muscular Dystrophy in Mice Overexpressing FRG1. « Nature » 2006 ; 439 : 973-977.
(2) Thirion C, Lochmüller H, Ruzsics Z, Boelhauve M, König C, Thedieck C, Kutik S, Geiger C, Kochanek S, Volpers C, Burgert HG Adenovirus Vectors Based on Human Ad19a Have a High Potential for Human Muscle-directed Gene Therapy. « Human Gene Therapy » 2006 ; 17 : 193-205.
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