C'est un Français, directeur du laboratoire de spectroscopie de translation (CNRS) à l'université de Paris-Sud (Orsay), Paul-Guy Fournier, qui sauve la réputation sanitaire de la monnaie européenne, du moins de ses pièces de 1 et 2 euros.
Selon l'étude qu'il publie dans la revue de dermatologie « Contact Dermatitis », « lesdites pièces auraient, depuis leur introduction dans les porte-monnaies européens, diminué par quatre les quantités de nickel transférées lors de manipulations de monnaie. (...) Une pièce manipulée de façon compulsive n'induit aucun risque », car « la contamination (observée) est préexistante et non pas provoquée directement par la manipulation elle-même. Le frottement dû à la manipulation transfère sur les doigts des composés métalliques solubles, mais aussi des microparticules d'alliage qui ne se dissolvent que lentement ».
Selon le chercheur, pour détruire le « réservoir » de contamination, un simple essuyage suffit ; ainsi « astiquée », la pièce ne transfère plus de contaminant, ce qui expliquerait pourquoi aucune allergie ne serait rapportée après une manipulation compulsive.
Traces rouges et petites cloques
Cette étude rassurante ne contredit pas des travaux précédents aux conclusions plus alarmistes : par exemple, un chercheur de l'université de Pennsylvanie, Bruce A. Brod, avait publié une étude, l'an dernier (« Science News », 14 septembre 2002), qui signalait que des pièces de 1 et de 2 euros maintenues pendant deux jours avec du sparadrap sur le dos de sept personnes allergiques au nickel y avaient laissé des traces rouges et de petites cloques ; mais ce type d'exposition est sans rapport avec la manipulation des pièces.
Dans le cadre d'une autre étude, rapportée dans « Contact Dermatitis » (« le Quotidien » du 3 décembre), des pièces suédoises, britanniques et françaises avaient été plongées pendant deux minutes dans des bains de sueur artificielle et les niveaux de nickel libérés dans ces solutions avaient été mesurés au plus haut niveau pour les pièces en alliage nickel-plomb (couronne suédoise et pences britanniques) et à un niveau très inférieur avec la pièce française de 1 franc, une monnaie, quant à elle, battue en nickel pur. Les auteurs concluaient prudemment que de « nouvelles études cliniques et épidémiologiques restent nécessaires pour mesurer les effets sur la peau des manipulations intensives de pièces de monnaie en alliage libérant de grandes quantités de nickel ».
Evidemment, les campagnes antieuropéennes n'ont cure des précautions scientifiques, ainsi qu'en témoignent les messages découverts par milliers sur le Web depuis plusieurs mois et dont le souci mis en avant de protéger la santé des Européens n'est certainement pas la motivation première. De la fausse monnaie scientifique.
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