C'est une avancée significative que vient d'accomplir le gouvernement en desserrant fortement le numerus clausus appliqué à la première année d'études médicales. Ainsi, à l'issue de l'année 2001-2002, 4 700 étudiants seront admis en PCEM 2, contre 4 100 en 2001, soit une progression de près de 15 % (1). Si l'on se reporte à l'année 2000, le progrès est encore plus remarquable, puisqu'il y a deux ans, 3 850 étudiants seulement étaient admis en deuxième année d'études médicales.
Et ce n'est pas terminé. En effet, selon le ministère de l'Education, ce mouvement devrait se poursuivre en 2002-2003, et peut-être même les années suivantes. Dans l'esprit de Jack Lang, qui s'exprimait à l'occasion de la rentrée universitaire, il faut en tout cas en finir avec « le malthusianisme excessif » de cette sélection à la fin du PCEM 1, dont les conséquences seront « une forte déflation de l'effectif national des médecins dès 2007-2010 ». D'où la nécessité d'admettre davantage d'étudiants en PCEM 2, qui permettront de couvrir les « les besoins en santé » de demain.
Partager une culture commune
Mais le ministre veut aller plus loin. C'est dans cet esprit qu'il annoncé la mise en place progressive d'une première année d'études commune à l'ensemble des futurs professionnels de santé.
« Faire partager une culture commune à l'ensemble des métiers de santé ; permettre étape après étape, des choix professionnels éclairés, fondés et adaptés aux performances de chaque étudiant en médecine, faire de la médecine générale une discipline comme les autres » : voilà en effet les objectifs de la réforme des études médicales, tels qu'ils ont été fixés par Jack Lang.
Une réforme, « dans laquelle nous sommes très engagés », a d'ailleurs souligné le ministre.
« Après m'être concerté, a expliqué Jack Lang, avec Dominique Gillot, puis avec Bernard Kouchner, j'ai décidé d'ouvrir le chantier de cette réforme de fond, dont le pivot sera la première année des études de santé. » La messe est dite : il est bien question de mettre en place une année commune à tous ceux qui se destinent à exercer une profession de santé.
Cette première année, a souligné Jack Lang, « devra aussi éclairer le choix des étudiants, leur donner plusieurs chances, leur ouvrir des possibilités de changer d'orientation par l'organisation de passerelles inder-disciplinaires au cours de leur cursus ».
Au départ, un constat : « Les études de pharmacie, médecine, odontologie, longues et convoitées, sont durement sanctionnées par l'échec à la fin de la première année. Des étudiants de bonne qualité sont éliminés, reçus-collés, après avoir beaucoup travaillé pendant deux ans, sont désorientés, en ressentent l'injustice. » Ensuite, une évidence : d'autres étudiants, ajoute le ministre « s'engagent ici et là dans des formations à d'autres professions de santé. Et alors même qu'ils travailleront un jour avec leurs camarades de médecine pour le bien des malades et de la santé publique, ils en restent anormalement éloignés ». D'où l'idée de les faire travailler ensemble dès leur première année d'études, « pour éviter ces incohérences, et ce gâchis des reçus-collés de médecine », a insisté le ministre, qui veut donc offrir « une culture commune » à l'ensemble des professions de santé.
D'abord les sages-femmes
Le gouvernement veut aller vite en besogne, puisque dès la rentrée 2002, une première profession de santé, les sages-femmes en l'occurrence, iront rejoindre les médecins et le chirurgiens-dentistes pour une année commune d'études. Il va sans dire que le concours à l'issue de cette première année aura lieu par profession, selon un système de sélection propre.
Ce projet ne devrait pas totalement déplaire au Pr Mattei, député Démocratie libérale des Bouches-du-Rhône, qui, dans son rapport sur une réforme des études médicales, rédigé avec le Pr Etienne et le Pr Jean Michel Chabot, et que lui avait commandé Alain Juppé, s'était prononcé par la création d'un DEUG santé.
« L'organisation de cette première année, a encore précisé le ministre, permettra le choix de parcours diversifiés dont chacun donnera lieu à la nécessaire sélection imposée par la démographie de chacune des professions. »
Réforme du deuxième cycle
Jack Lang s'est également félicité de la mise en place de la réforme du deuxième cycle des études médicales. « La refonte du programme, qui, c'est important, devient celui de l'internat », est déjà bien avancée, tout comme la définition, par la Commission pédagogique nationale des études de médecine, d'objectifs pédagogiques précis. On sait que dans l'esprit des concepteurs de la réforme, ce deuxième cycle, « destiné à faire assimiler les connaissances nécessaires et suffisantes à tout futur spécialiste, médecin généraliste compris, est construit de façon transdisciplinaire ».
Mais la réforme consiste aussi, a poursuivi Jack Lang, « à mettre en place de nouvelles procédures d'évaluation pour le nouveau concours de l'internat de 2004, qui permettra l'accès à toutes les spécialités, médecine générale comprise ». Un concours qui devient en fait, on le sait, un examen classant qui permet aux étudiants ayant validé de cette façon le deuxième cycle, d'entrer dans le troisième cycle consacré aux études de spécialités, dont fait désormais partie la médecine générale. D'où l'importance, dit-on encore au ministère de l'Education nationale, de faire porter les épreuves de ce nouveau concours « strictement sur le programme des enseignements de la deuxième partie du deuxième cycle des études médicales (D2,D3 et D4) ».
(1) Au chiffre de 4 700, il convient d'ajouter les 150 pages réservées aux étudiants des écoles du Service de santé des armées.
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