Gynécologue et sexologue, le Dr Fanny Kowal, nourrie des témoignages de ses patientes, vient de publier « Être femme : une chance ! »*. Et être une femme médecin ? « Le Quotidien » lui a posé la question.
LE QUOTIDIEN : Dans votre livre, vous abordez le thème des différences entre les hommes et les femmes. Votre métier de médecin a-t-il influencé votre réflexion ? Notez-vous des différences liées au sexe du praticien dans la manière d’exercer ?
Dr FANNY KOWAL : Les hommes et les femmes sont différents sur le plan physique, psychologique, hormonal, mais sûrement pas au niveau des capacités intellectuelles. J’ai fait partie d’une génération où les femmes devaient se battre, travailler beaucoup, faire leurs preuves pour entrer dans les professions libérales. Peu de filles terminaient leurs études de médecine et s’installaient dans la profession. Aujourd’hui, en médecine, les chances sont les mêmes au niveau des diplômes, les femmes médecins sont bien considérées et inspirent confiance. Pour les grands postes hospitaliers, plus prestigieux, il reste encore difficile d’être une femme, mais pas au niveau de la patientèle et de l’installation. La différence n’est pas tant professionnelle, que dans la vie privée, dans les priorités. La jeune génération a pour ambition de concilier travail et vie de famille.
Avez-vous, vous-même, eu des difficultés pour concilier vie personnelle et vie professionnelle ? Ressentez-vous une domination du modèle masculin dans votre profession ?
J’ai essayé de bien équilibrer ma vie professionnelle et ma vie privée, avec le soutien de mon mari. Je ne me suis pas inspirée de mon expérience personnelle pour écrire mon livre. Pour moi, l’égalité a toujours été une évidence. Mais aujourd’hui, en écoutant mes patientes, je vois bien que certaines ne sont pas heureuses après être entrées dans le modèle masculin ; elles ne s’y retrouvent plus.
C’est d’elles que je me suis inspirée. Il y a des schémas masculins qui sont référents. Les femmes ont intégré beaucoup de valeurs masculines qu’elles ont prises pour leurs. Elles doivent maintenant prendre leur place dans la société de demain, mais si c’est pour reproduire exactement les mêmes comportements que les hommes, nous n’aurons pas gagné grand-chose.
En 2020, les femmes médecins devraient composer pour moitié la profession. Pensez-vous que cela changera les choses et comment ?
Je l’espère. Je ne sais pas ce que ça peut changer, mais il est question d’innovation. On demande aux filles de s’investir à 110 %, mais je pense qu’aujourd’hui il existe une autre façon d’organiser le travail qui peut être satisfaisante pour chacun. L’intérêt est qu’il y ait des hommes et des femmes et que chacun fonctionne à sa manière. Je n’ai pas les solutions et je ne veux pas en donner, mais il faut que les femmes d’aujourd’hui réfléchissent, choisissent, se battent pour imposer ce qu’elles souhaitent. Notre différence en tant que femme, avec ce que nous voulons, devrait être un des moteurs de notre société.
Fanny E. Kowal, « Être femme : une chance ! Quelle stratégie pour une vraie égalité ? », aux éditions L’Harmattan, Paris, 2014. 13,50 euros, 116 p.
« Je veux dire aux filles : vous êtes des femmes, vous avez le droit de vous exprimer, de dire ce que vous avez envie de dire. » Le Dr Fanny Kowal, gynécologue et sexologue, a participé aux combats des femmes du siècle dernier.
À travers les témoignages de ses patientes, elle présente les nouvelles difficultés des femmes à s’imposer dans un monde d’hommes, sans en devenir des copies conformes. « Être femme : une chance ! », son livre, n’entend pas établir une supériorité d’un côté ou de l’autre, mais insiste sur l’égalité dans la différence, l’importance de sentir et d’assumer ses spécificités afin de trouver un équilibre et une harmonie entre les deux « moitiés de l’humanité », dans un dialogue respectueux.
Un ouvrage qui veut faire prendre conscience aux femmes de la nouvelle génération de leurs atouts et de leurs singularités et les exhorte à ne plus subir, mais à dire ce qu’elles veulent et à sortir d’un schéma où tout est écrit.
Anne-Marie Udala
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