L’élection mardi d’Étienne Caniard comme président de la Mutualité Française n’est pas du tout une surprise. D’abord parce que cela fait près de dix ans que l’on évoque son nom pour prendre la suite de Jean-Pierre Davant. Ensuite parce que, depuis la fin octobre, il était le seul candidat à la présidence. Il a d’ailleurs été élu avec 96,33 % des voix exprimées pour un mandat de six ans. « Dans les mois qui viennent, nous devrons être en mesure de proposer un schéma d’ensemble cohérent et crédible, dans lequel nous assumerons les conséquences des responsabilités du rôle que nous voulons jouer pour éviter que le débat ne se réduise à un partage financier entre régimes obligatoires et complémentaires » a déclaré le nouveau président à l’issue de l’élection. Promis par Nicolas Sarkozy, le débat sur le « panier de soins » a jusque-là été maintes fois reporté et est aujourd’hui toujours en attente. Le nouveau président de la Mutualité est visiblement impatient d’aborder le sujet.
À 58 ans, Etienne Caniard est d’ailleurs à la fois un des meilleurs experts de l’hexagone des questions de santé et un familier du monde mutualiste. Inspecteur des impôts d’origine, comme le président sortant de la FNMF, Jean-Pierre Davant, il a été président de la Mutuelle des agents des impôts de 1990 à 2000… comme le fut avant lui Jean-Pierre Davant ! C’est dans les années quatre-vingt-dix, qu’il se forge une stature de spécialiste des questions de santé. Délégué aux questions de santé et de sécurité sociale de la Fédération nationale de la mutualité française à partir de 1996, il est alors la tête pensante de la Mutualité pour tout ce qui touche de près ou de loin les sujets intéressant le monde médical. C’est notamment lui qui est à l’origine des « 25 propositions » que la Mutualité Française élabore en 2004 pour peser sur la réforme Douste-Bertand qui aboutira à l’instauration pour la première fois en France du parcours de soin. Parallèlement, il a été membre du Haut Comité de la Santé publique de 1991 à 1998. Il a aussi présidé la commission santé-prévention de la CNAMTS de 1996 à 2004 et il a animé les États généraux de la Santé.
À l’époque, tout le monde fait de cette éminence grise, orateur en vue dans les débats sanitaires, le successeur naturel de Jean-Pierre Davant. Il se peut qu’il se soit lassé de cette position d’éternel dauphin, puisqu’en 2004, il abandonne ses responsabilités à la FNMF pour emménager à la Haute Autorité de Santé. Membre du collège de la HAS, il essuiera les plâtres de la nouvelle instance. Jusqu’à ce jour, il y suivait notamment les dossiers information et communication, c’est-à-dire notamment la promotion des recommandations, mais aussi la labellisation de la visite médicale des laboratoires.
Comme en témoignent ses premières décalrations, l’arrivée d’Étienne Caniard à la présidence de la Mutualité signifie sans doute le retour de celle-ci à la vocation de laboratoire d’idées qu’elle remplissait à l’époque du plan Juppé ou de la réforme de 2004. Un rôle qu’elle avait un peu abandonné ces dernières années, en mettant davantage l’accent sur des projets concrets tels que la mise en place depuis deux ans de son réseau « Parcours de soins mutualiste ». Cette redynamisation du pôle mutualiste pourrait donc jouer un rôle important dans les débats qui s’annonce autour du financement de la santé et de la dépendance, à l’occasion de la campagne présidentielle. La Mutualité reste en effet un des poids lourds du secteur puisqu’elle fédère la quasi-totalité des mutuelles santé, assurant ainsi près de 38 millions de Français.
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