Face aux aléas de l’existence et aux incertitudes de leur protection sociale, certains confrères ont opté pour la tontine. Un vieux dispositif de solidarité entre pairs qui a pour avantage principal de palier aux délais de carence souvent opposés en cas de maladie. À Thouars (Deux-Sèvres), ils sont 16 généralistes d’un même secteur associés dans ce dispositif imaginé il y a quelques années par le Dr Serge Durivault : « L’idée m’est venue suite aux problèmes cardiaques rencontrés par un confrère. Les assurances, on en a tous, mais avec toujours un délai d’entrée en vigueur assez conséquent. Un toubib, s’il est malade, mieux vaut pour lui être hospitalisé, car au moins il est pris en charge dès le 4e jour…» Depuis 2004 donc, dès qu’un confrère tombe malade, chaque médecin verse 18 euros par jour ouvrable à ce dernier les vingt premiers jours, puis 10 euros par jour jusqu’à la fin des trois mois. « Dès la fin de la première semaine de maladie, il recevra son premier chèque », explique Serge Durivault. Actuellement, un confrère est ainsi pris en charge jusqu’au 11 avril. Mais par le passé, certains confrères ont été pris en charge ainsi pendant trois mois.
La masse critique est indispensable
Au-delà de l’aspect financier, « la tontine, ça donne une bonne ambiance,» estime aussi le Dr Durivault. Dans le secteur de Thouars, cette dynamique a été le prélude d’autres collaborations fructueuses : permanence de soins et plus récemment pôle de santé… Pour constituer une tontine, la confraternité est bien sûr essentielle. Mais la masse critique est elle aussi indispensable. À Thouars, l’arrivée de nouveaux membres a par exemple permis de baisser les « cotisations » en cas d’indisponibilité d’un confrère de 1 C à 18 euros. À Marseille, ils sont une trentaine à avoir créé en 1996 un dispositif similaire dans le cadre de l’Amicale des généralistes du 8e arrondissement qui couvre, pendant un mois l’un des leurs, en cas de maladie ou d’accident. Pour un coût de l’entraide par médecin plutôt modique : 0,2 C versé la première quinzaine, 0,1 C la deuxième. « L’idée est de parvenir à servir 3000 euros pendant le 1er mois au confrère malade », explique le Dr Philippe Dulac qui gère la tontine de l’AMG 8.
Problème de générations ?
Née de la prise de conscience de la précarité d’une vie de libéral, la tontine meurt aussi parfois faute de force vives. En banlieue sud de Paris, elle a fonctionné trente ans dans le cadre de l’Amicale des médecins de Chatillon, activée à trois reprises lors de la maladie de tel ou tel. « Tout le monde en était content », se souvient le Dr Rissane Ourabah, qui regrette que le dispositif ait dû finalement être abandonné il y a trois ans, car les médecins qui auraient pu en faire partie n’étaient plus assez nombreux. Question d’époque ? Problème de génération ? « Les jeunes ne se sentent plus concernés pour le faire. Ils ne se sentent pas concernés par beaucoup de choses », constate un rien fataliste, Rissane Ourabah. À savoir enfin si vous êtes tenté: la tontine nécessite de créer une association et exige une déclaration au conseil de l’Ordre.
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