C'EST SON DEVOIR : le gouvernement s'efforce de rassurer les épargnants. Lesquels savent aussi qu'il est obligé de tenir un discours convenu et craignent donc qu'il leur cache la vérité. En même temps, les autorités françaises ont mis les institutions bancaires et les compagnies d'assurances sur le gril, en leur demandant de leur faire connaître leur exposition aux crédits insolvables. Les dirigeants de ces instituitions ont-ils tout dit au chef de l'État et au Premier ministre ? On ne peut pas en être sûr dès lors que la méfiance générale est elle-même alimentée par la méfiance des banques entre elles, qui ont cessé de se consentir des crédits, ce qui constitue le chemin le plus court vers la faillite : les banques ont besoin de liquidités au jour le jour et si elles peuvent emprunter, elles gagnent le temps nécessaire pour « tenir le coup ». La peur d'être entraînées dans la chute de la banque qui emprunte explique leur comportement, mais cela ne signifie pas nécessairement que l'emprunteur n'est pas viable.
Ne rien faire.
Comme chacun sait désormais, les comptes des particuliers sont assurés jusqu'à un plafond de 70 000 euros. C'est largement suffisant pour la plupart des gens ; c'est insuffisant pour ceux qui ont constitué un capital-retraite. On leur conseille de répartir leurs avoirs en un nombre de comptes suffisants, par exemple, deux comptes pour l'épargnant qui dispose de 140 000 euros. Ce procédé ne peut concerner que ceux qui n'ont pas investi leur épargne et ils sont bien rares, car personne ne veut garder de l'argent liquide qui perd 3 % par an à cause de l'inflation.
La seule bonne attitude consiste à ne rien faire : il est stupide de vendre des actions alors qu'elles sont au plus bas ; et tout aussi stupide de racheter une assurance-vie et de perdre du même coup les avantages fiscaux qui lui ont liés. C'est le Livret A à 4 % par an (plafond de 15 300 euros par personne) qui permet de placer des excédents dans un compte garanti (idéal pour les foyers disposant de 100 000 euros, soit 70 000 garantis par l'État et le reste dans deux livrets).
Pour tous ceux qui ont plus de 100 000 euros, les armes défensives n'existent pas vraiment. Ceux-là se demandent donc si le risque qu'ils courent est faible, élevé ou certain. Nicolas Sarkozy et François Fillon, là aussi, ont accompli leur devoir : ils ont déclaré qu'aucun épargnant ne perdrait un centime à cause de la crise. On peut les croire sur parole s'il s'agit d'une banque, ou deux, peut-être même trois. La France, par exemple, a participé, avec la Belgique, au renflouement de Dexia. « Le Canard enchaîné » ayant annoncé que les Caisses d'épargne avaient un besoin urgent de plusieurs milliards d'euros, on a tendance à croire que de nouveaux désastres vont se produire, bien que les Caisses d'épargne aient vigoureusement démenti l'information de notre confrère. La vérité est la suivante : le gouvernement s'efforcera de tenir parole, mais si l'incendie gagne tout le système bancaire et financier, il ne dispose pas des fonds nécessaires pour éteindre le feu, sauf à lever des sommes colossales que d'autres États ne voudront pas nécessairement lui accorder.
LE GOUVERNEMENT DIT LA VERITE, MAIS PAS TOUTE LA VERITE
Il n'empêche que l'hypothèse d'une ou deux ou trois défaillances réparties dans le temps est infiniment plus probable qu'un effondrement du système que les institutions européennes n'accepteraient pas. Souvenez-vous que les clients du Crédit lyonnais n'ont pas perdu un sou lors de sa faillite. Il ne faut donc pas céder prématurément à la panique, laquelle ne ferait que provoquer la catastrophe à laquelle les particuliers souhaiteront échapper. Le mieux est de ne pas bouger, sorte de non-acte salutaire qui permet aux moins aux banques de compter sur les dépôts de leur clientèle.
On remarquera que la crise financière a balayé toutes les bonnes résolutions, notamment celles de l'Europe : la dette publique française a atteint presque 70 % du PIB, avant même que la crise n'exerce ses ravages en France ; le déficit budgétaire est en hausse de quelques milliards par rapport au projet de budget pour 2008 et il s'aggravera en 2009 ; l'inflation provoquée par la hausse brutale du prix des matières premières au début de l'année n'est pas résorbée. La France, faut-il le rappeler, ne respecte aucun des critères de Maastricht. Et en se montrant prête à nationaliser des banques (comme l'ont fait les États-Unis), elle tourne le dos au libéralisme européen. Il apparaît de plus en plus clairement que le traité de Maastricht n'est viable que si les économies européennes sont prospères.
Déficits aggravés.
Sur ce plan, la critique de l'opposition est valable : le gouvernement n'a pas osé, en quinze mois, réduire les dépenses de l'État. Il n'a pas voulu réduire les budgets sociaux, ce qui lui aurait valu un tir de barrage de la gauche. Maintenant, il subit ses bombardements à cause des déficits et de la dette. Au moment de l'adoption du RSA, M. Sarkozy aurait dû se résigner à diminuer la prime pour l'emploi (ou à tailler dans d'autres programmes). Il a reculé devant les critiques de l'opposition et s'est résolu à augmenter les impôts. Le résultat est que la pression fiscale n'a pas diminué, que les déficits augmentent et que le pouvoir d'achat chute. Tous paramètres dont les conséquences politiques seront lourdes. Le président et le Premier ministre ne trouveront leur salut que s'ils parviennent à protéger tous les Français contre un subit appauvrissement.
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