Le DMP de M. Douste-Blazy, c'est comme la prose de M. Jourdain, les éditeurs ont le sentiment d'en faire tous depuis plus ou moins longtemps. Et en tout cas, depuis que l'on a commencé à parler d'informatique communicante. Alors, bien sûr, s'il y a des pilotes dans les régions, ils veulent en être et se rapprochent déjà des « opérations de préfigurations » qui commenceront avant la fin de l'année sous la responsabilité du nouveau GIP DMP.
L'approche concrète des éditeurs
« Les éditeurs ont une approche concrète et pragmatique du sujet », explique-t-on chez Axilog,qui présente « une maquette opérationnelle de DMP » qui n'est autre que le dossier partagé soutenu par l'ARH de Franche-Comté, auquel l'éditeur a participé. « On va montrer comment le médecin peut envoyer des informations via le réseau, en récupérer dans son applicatif via la couche interface développé par l'éditeur de son logiciel métier. »
Sur le stand de Cegedim Logiciels Médicaux, un pôle spécial réseaux-DMP va permettre de montrer de vraies applications existantes de dossier partagé. CLM est l'un des éditeurs les plus présents dans les cabinets ministériels et les différentes instances professionnelles comme gouvernementales.
Hellodoc se veut déjà DMP compatible. Dans un des réseaux diabètes d'Uni-Médecine (qui fait partie d'un consortium avec Atos Origin et HP), les médecins équipés d'Hellodoc rapatrient directement dans leur dossier les éléments qui les intéressent quand ils vont consulter le serveur du réseau. Et, bien sûr, remplissent le dossier réseau en même temps que leur dossier patient, sans double saisie.
Il y a ceux qui, comme CLM ou Maidis, militent en faveur d'un DMP le plus structuré possible. Chez CLM, Pierre Bruneau ne craint pas d'affirmer : « Le DMP sera structuré ou ne sera pas. »
Comme d'autres, Églantine (non présent au Medec), Crip ou Megabaze participent à des groupes de travail et s'informent. Certains jugent surtout qu ' il y a beaucoup d'agitation ». Thierry Kauffmann, de Prokov éditions, répond carrément : « Le DMP, c'est quoi ? » , rappelant que le savoir-faire de l'éditeur, c'est le dossier de santé et que le DMP, c'est une autre fonction. Il attend donc le cahier des charges pour se prononcer. Quelquefois, l'éditeur a l'occasion de participer à une expérimentation de dossier médical personnel, comme Privantis, en Rhône-Alpes, où trente médecins sont équipés avec le logiciel Shaman d'Ouvrez la Boîte. Ce qui lui permet un certain recul sur les besoins du médecin généraliste, et l'ergonomie nécessaire. C'est aussi le cas d' Hypermed qui a développé le dossier partagé de la maison médicale de Clamart.
Éditeur de solutions intégrées avec Intellio et d'autres produits, Sephira pense avoir également des atouts pour participer au DMP du fait de sa compétence sur les serveurs et le traitement des flux (six millions de FSE par mois). La société envisage de se positionner sur l'hébergement avec un logiciel client chez les médecins. En fait, tous les acteurs du on line (dont WebFSE et ActeurFSE.Net) pourront proposer des liens entre leurs applications et le DMP.
Comme le résume Yannick Motel, délégué général du Lessis (Les entreprises des systèmes d'information sanitaires et sociaux), qui regroupe quarante-cinq sociétés, « les éditeurs sont prêts à faire ce qui sera demandé sur la base de ce qui est en cours (voir encadré sur les normes) , car la normalisation va devenir une réalité. Mais ne vont rester que ceux qui en ont les moyens ».
Un serveur de test
Sont-ils tous DMP compatibles ? Pour le savoir, le cabinet du ministère de la Santé a missionné le GIP CPS pour mettre en place un serveur de test d'interopérabilité DMP/LGC (logiciels de gestion de cabinet). « Il s'agit de disposer d'une maquette applicative sur un serveur Web permettant de démontrer l'interopérabilité potentielle des LGC avec le futur DMP, explique le GIP CPS dans un document confidentiel envoyé début janvier aux éditeurs, les éditeurs de LGC pourront faire la démonstration de l'interopérabilité de leur produit. Il est envisagé également qu'un médecin puisse tester lui-même (...) les conditions d'interopérabilité de son LGC avec le futur DMP », peut-on lire sur le document qui circule chez les éditeurs. Deux fonctions sont testées : l'export de documents et de données d'un des dossiers patients du LGC vers le DMP et la consultation via Internet du dossier médical (et sa création) sur le serveur du DMP. La maquette de DMP utilisée sera légère : quelques documents joints non structurés mais datés, signés et classés par type et quelques données structurées.
Un bilan est prévu fin septembre.
Les consortiums au travail
Ceux qu'on appelle les consortiums sont déjà au travail. Ils sont au moins cinq à s'être déclarés plus ou moins officiellement :
- Accenture-La Poste-Neuf Télécom-Jet Multimedia ;
- Steria-Arès + un opérateur télécom ;
- Atos Origin-Uni Médecine ;
- Capgemini-IBM-France Télécom + une autre société ;
- Siemens Health Services-EDS (avec Privantis).
Pour Sylvie Ouziel, P-DG InVita, filiale d'Accenture, chargée du DMP, le problème ne sera pas tant l'installation technique du DMP que « l'installation de la chaîne de confiance ». Confiance du patient qui doit être assuré de la confidentialité des opérations et doit pouvoir mettre des documents lui-même, confiance des médecins qui doivent trouver le système pratique, ergonomique et sécurisé. M. Hervé Garnousset, directeur du secteur public chez Steria (qui se définit comme un opérateur global de service), ne tient pas un discours différent : « La difficulté n'est pas technique car l'on sait mettre en œuvre et héberger des données sécurisées. Le DMP, c'est un enjeu de société, le patient doit être rassuré en termes de sécurité, le professionnel de santé doit trouver son compte. »
D'ores et déjà, le consortium In Vita-La Poste-Neuf Télécom présente son service et compte démarrer sur un site pilote en juin sur ses fonds propres. Tandis que Steria compte montrer d'ici à deux mois une maquette de préfiguration dont l'objet est de « visualiser des concepts pour recueillir des avis auprès des ministères, des hôpitaux et des médecins de ville ». Un service DMP se compose, selon Sylvie Ouziel de plusieurs briques :`
- une application sécurisée accessible 24 h/24, 7 jours sur 7 avec un horodatage ;
- la gestion des autorisations d'accès pour ouvrir et fermer le dossier ;
- l'impression du dossier ;
- un call center (en partie automatisé) pour les appels d'urgence, les oublis de mot de passe, les changements de droits du dossier ;
- la compatibilité avec les logiciels de gestion de cabinet : rien de compliqué mais ce sera long à déployer.
M. Garnousset insiste aussi sur l'importance du support à l'utilisateur (centre d'appel, gestion des contrats).
D'où le besoin, pour les intégrateurs, d'être adossés à des opérateurs qui ont l'habitude de travailler avec le public et qui savent gérer sur une grande échelle les contrats d'abonnements, les hot line et les call center.
Le congrès Informatique et NTIC Santé est centré sur le DMP :
- Mardi 15 mars, 10 h 30-12 h. DMP : que deviennent les logiciels métier ? L'exemple de Strasbourg.
- Mercredi 16 mars, 14 h-15 h 30. Le contrôle des médecins sur l'outil DMP.
- Mercredi 16 mars, 16 h 30-18 h. Comment le DMP s'intègre-t-il dans l'exercice médical ?
- Jeudi 17 mars, 10 h 30-12 h. Dossier médical personnel/partagé : quelle définition, quel dispositif juridique ?
- Vendredi 18 mars, 10 h 30. Le DMP, avantages et contraintes pour les utilisateurs.
- Vendredi 18 mars, 14 h 30-16 h. Comment bâtir la confiance autour du DMP ?
De quoi le DMP sera-t-il fait ?
Le communiqué du Conseil des ministres du 12 janvier 2005 indiquait que figureraient dans le DMP les éléments d'informations essentiels du parcours de soins du patient et notamment :
- les comptes rendus de séjour hospitaliers ;
- les fiches de consultation ;
- les prescriptions de médicaments ;
- les prescriptions d'examens et leurs résultats ;
- les médicaments délivrés par le pharmacien ;
- le cas échéant, le protocole de soins associés à une ALD.
Cette liste n'est pas exhaustive et l'on peut encore citer les radiologies et les échographies, etc. Le dossier ne doit pas pour autant être un fatras de documents. Dans le cas de Ripam (voir pages 14 et 15), on voit par exemple que tous les éléments se rangent dans les onglets du dossier médical : résultats d'analyse, comptes rendus opératoires, lettres, et qu'il y a une possibilité de mettre des filtres - ce qui intéresse le spécialiste - par exemple tout ce qui est afférent à une affection ou bien des filtres comme nouveaux patients, patients de moins de 50 ans.
Il s'agit ensuite de savoir qui commence à alimenter le DMP et avec quelle priorité de contenu.
Les prescriptions sont assez facilement disponibles puisqu'entre les mains de la Cnam qui a également la liste des médecins vus par le patient. La Cnam expérimente actuellement un service qui permettra au médecin d'accéder aux dernières prescriptions de son patient.
L'hôpital a (théoriquement) les moyens informatiques de mettre en ligne les comptes rendus d'hospitalisation. De fait, il détient déjà une partie de dossier médical d'un gros pourcentage de la population.
L'initiative pourrait également revenir au médecin de ville. Mais de l'avis général, il devra être dans ce cas rémunéré.
Le DMP en 2007, c'est possible, répètent à l'envie les spécialistes, si l'on n'est pas trop exigeant sur les fonctionnalités. On peut démarrer avec des choses simples dès lors que les étapes ultérieures sont prévues.
Tendance DMP
Utilisant les données reprises à partir de ses différents réseaux en France, Uni-Médecine a dessiné les tendances de l'utilisation du dossier médical partagé.
Premier constat, les médecins des réseaux se connectent de plus en plus au DMP peut-être en raison du déploiement de l'Adsl.
Deuxième constat, la croissance du nombre d'utilisateurs de la CPS comme outil de sécurisation des accès à un DMP reste faible alors que ceux qui s'en servent, s'en servent beaucoup. La CPS est donc nettement plus pratique que le couple identifiant/mot de passe mais ses usages sont encore méconnus.
Enfin, on note des pics d'accès au DMP entre 9 et 11 heures et de 14 h à 16 h 30 avec encore une forte activité à l'heure du déjeuner et entre 18 et 23 heures, ce qui donne à penser que le médecin y accède, en dehors de la présence du patient, en travail différé le soir.
>>>>www.uni-medecine.com
Des normes pour le DMP ?
« Attention, rien n'est résolu, regrette François Mennerat, et la structuration des documents alimentant le DMP risque d'être écartée sous prétexte de simplicité. » Pour le président de Prorec, il y a pourtant un socle de travaux disponibles et déjà utilisables pour poser les bases de l'interopérabilité. À l'instar de la norme européenne EHRCom (13 606) soumise à enquête au niveau européen et transmise pour étude à l'ISO sur le plan international, « il y a une forte publicité actuellement autour d'HL7, mais c'est oublier que la version 2 du CDA (Clinical Document Architecture), en préparation, reprend déjà une partie d'EHRCom. »
Dès l'annonce du DMP, Prorec et Edisanté ont décidé de se coordonner, dans le cadre de l'Afnor, et avec les autres associations (telles que HL7 France) pour former le groupe EDS (Echange de données de santé) « au service des projets des pouvoirs publics ».
Sur le chantier de l'interopérabilité, on trouve aussi en France l'initiative IHE (Integrating the Healthcare Enterprise) pilotée par le Gmsih (Groupement pour la modernisation des SIH), mais qui dépasse les frontières du monde hospitalier. Ses plates-formes de tests d'interopérabilité (Connectathon) vont en effet attirer dès cette année des entreprises telles que Cegedim ou Uni-Médecine, autour de l'évaluation d'un « Profil d'intégration » nommé « XDS » (pour Cross-enterprise Document Sharing) facilitant l'échange de documents électroniques médicaux qui présentent des contenus textuels et structurés.
>>>>Dominique Lehalle
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