JAZZ/ROCK
Elles sont nées la même année (1930, à un mois d'intervalle), l'une à Chicago, l'autre à Manhattan (New York). Toutes les deux ont marqué le jazz chanté féminin et sont des références pour les chanteuses d'aujourd'hui. Loin d'être des « grand-mères » du jazz ou des retraitées, Abbey Lincoln, de son vrai nom Anna Maria Wooldridge, et Helen Merrill, née Jelena Ana Milcetic, sont toujours d'actualité.
Abbey Lincoln, dont le parcours musical a été parsemé de rencontres avec les plus grands - Miles Davis, Coleman Hawkins, Eric Dolphy, mais surtout Max Roach, le Pygmalion des années 1960 -, vient de sortir « It's me » (Gitane Jazz/Universal), son dernier opus produit par deux Français (Jean-Philippe Allard et Daniel Richard). Magnifiquement accompagnée d'une rythmique conduite par Kenny Barron (piano), d'un grand orchestre, mené notamment par Laurent Cugny, et de quelques solistes, comme Julien Lourau ou James Spaulding (saxophones), la chanteuse s'est plongée dans des standards, des compositions personnelles et un thème traditionnel. Il en résulte un album particulièrement abouti et homogène, qui met en valeur des qualités vocales toujours intactes, avec un grain de voix d'une sensible douceur, presque sensuel.
La démarche de Helen Merrill est sensiblement différente. Pour son dernier disque, « Lilac Wine » (Gitanes Jazz/Universal), enregistré dans les studios de Radio Prague et à New York en 2002, celle qui a travaillé avec des musiciens comme Bill Evans, Clifford Brown, Ben Webster ou Stan Getz, s'offre un étonnant tour d'horizon musical en mélangeant les sources d'inspiration. Certes, accompagnée de son fidèle Torrie Zito (piano électrique, arrangements), de Lew Soloff (trompette) et d'un grand ensemble classique, la chanteuse revisite des standards du jazz, mais ajoute à son répertoire, excellemment servi par une voix sublime, un titre de Barbara ou un medley d'Elvis Presley (dont le fameux « Love me Tender »). Superbe.
La très sensuelle
Cassandra Wilsonest une exploratrice du chant. Possédant une voix dans laquelle se mélangent la douceur et une certaine âpreté, cette femme mûre originaire du Mississippi, élevée dans le blues, le gospel, la soul music et le jazz, s'est trouvée un style original et surtout s'est attaquée à tous les répertoires de la chanson. Son dernier CD, le bien nommé « Glamoured » (Capital/Blue Note/EMI), en est la preuve. Soutenue par une formation acoustique, elle reprend, revisite et réinterprète des titres de Sting, Bob Dylan, Willie Nelson, Muddy Waters ou d'Abbey Lincoln, au milieu de compositions personnelles. Difficile de ne pas succomber à tant de charme et de « glamour » vocal !
Stacey Kent
a été l'une des révélations vocales de ce début de siècle. Née à New York, installée à Londres, elle s'est imposée grâce à un timbre de voix relativement intemporel, frais et souple. Son sixième disque, « The Boy Next Door » (Candid/Harmonia Mundi), qui comporte dans l'édition française deux titres bonus chantés en français, dont « Que reste-t-il de nos amours ? », de Charles Trénet, et une composition de Michel Legrand, est un hommage aux héros masculins de la chanteuse qui ont pour noms Tony Bennett, Frank Sinatra, Ray Charles, Sammy Davis Jr., Nat King Cole, Louis Armstrong, Dean Martin ou Paul Simon. Rien que du bonheur.
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