Deux études sur le risque infectieux d'origine alimentaire

Etats-Unis : 20 % de la viande hachée contaminée par des salmonelles

Publié le 17/10/2001
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De notre correspondante
à New York

La salmonelle non typhique est une cause majeure d'infections alimentaires. Ainsi, chaque année aux Etats-Unis, il survient près de 1,4 millions de cas de salmonelloses, le plus souvent dus a la consommation de volaille, de bœuf, de porc, d'œufs ou de lait contaminé. Si la gastro-entérite à salmonelles guérit généralement spontanément et ne nécessite pas d'antibiothérapie, un foyer secondaire d'infection systémique peut être fatal et requiert une antibiothérapie appropriée (par ex. : ciprofloxacine chez l'adulte, ceftriaxone chez l'enfant).

Compliquant le choix de l'antibiothérapie, de plus en plus de souches de salmonelles sont résistantes aux antibiotiques. L'utilisation systématique de ces médicaments,, à des fins non thérapeutiques, chez les animaux d'élevage, pour promouvoir leur croissance, est un facteur important dans l'émergence de bactéries résistantes, transférées ensuite à l'homme par la chaîne alimentaire.
White et coll., une équipe de chercheurs de la FDA et de l'université de Maryland (College Park), ont examiné dans quelle mesure la viande hachée trouvée dans les supermarchés est contaminée par les salmonelles. Ils ont étudié 200 échantillons de viande hachée (51 de poulet, 50 de dinde, 50 de bœuf et 49 de porc), achetés à Washington.

84 % résistantes à un antibiotique

Des salmonelles ont été trouvées dans 41 des 200 échantillons (20 %), plus souvent dans la volaille (35% du poulet, et 24 % de la dinde) que dans le porc (16 %) ou le bœuf (6 %). Treize sérotypes ont été identifiés. Parmi les salmonelles isolées, 84 % sont résistantes à un antibiotique, au moins, et 53 % à 3 antibiotiques, au moins. Seize souches sur cent sont résistantes a la ceftriaxone, antibiotique de choix dans le traitement de la salmonellose invasive chez l'enfant. Autre constat important, 6 isolats sont des S. typhimurium de type définitif 104 (DT 104) ou 208 (DT 208), réputés pour être multirésistants (jusqu'à 12 antibiotiques).
L'étude indique que cette contamination de la viande peut parfois survenir lors de la préparation et de l'emballage, mais elle reflète principalement le portage de la bactérie par les animaux.
En conclusion, les viandes hachées sont fréquemment contaminées par les salmonelles. Bien les cuire est une recommandation qui va de soi, mais on sait que des œufs, même cuits, peuvent héberger des salmonelles viables.

Une source majeure de salmonelles résistantes

Ces résultats, concluent les chercheurs, « étayent l'hypothèse selon laquelle l'apport alimentaire représente une source majeure de salmonelles résistantes aux antimicrobiens. Cela plaide en faveur de directives préconisant l'utilisation prudente d'antibiotiques chez les animaux d'élevage et visant à réduire le nombre des organismes pathogènes présents dans les fermes et les abattoirs ».
« Plusieurs recommandations peuvent être faites », commente dans un éditorial le Dr Gorbach (Tufts University School of Medicine, Boston, MA). « Les antimicrobiens ne devraient être utilisés que lorsqu'ils sont indiqués pour une bactérie précise chez des animaux infectés individuellement et devraient être prescrits par un vétérinaire. L'utilisation de certains antibiotiques dont l'usage est précieux chez l'homme, comme les fluoroquinolones et les céphalosporines de 3e génération, devrait être interdite chez les animaux. Enfin, l'utilisation infrathérapeutique de ces agents pour favoriser la croissance des animaux devrait être interdite. »

« New England Journal of Medicine », 18 octobre 2001, p. 1147 et 1202.

Une diminution spontanée

Un espoir dans la lutte contre les bactéries résistantes liées à l'alimentation animale vient du Danemark. F Aarestrup et coll. dans leur laboratoire vétérinaire, ont constaté une diminution de la résistance à 4 antibiotiques utilisés pour stimuler la croissance d'animaux. Ainsi la résistance à la vancomycine d' Enterococcus faecium, chez des poulets a diminué de 72,7 % en 1995 à 5,8 % en 2000. Ces chercheurs notent que la résistance aux glycopeptides et aux macrolides, chez des porcs, à été conservée même après éviction des glycopeptides en 1995. Cette résistance n'a décru qu'après que l'utilisation de macrolides ait diminué.

Antimicrob. Agents Chemor. 45 : 2054-2059

Dr Véronique NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6991