Pour certains, c'est très clair. « Nous espérons que ces états généraux déboucheront sur l'application effective du plan périnatalité annoncé par Jean-François Mattei en mars dernier ». Le Dr Guy-Marie Cousin, secrétaire général du SYNGOF (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France), sait ce qu'il veut.
« Sur le terrain, la situation se dégrade, les problèmes de restructurations et de postes, qui d'ailleurs parfois existent mais ne sont pas pourvus,sont toujours plus aigus », ajoute-t-il. Là-dessus, tout le monde est d'accord. « Il faudrait pouvoir trouver dans n'importe quelle maternité un gynéco, un pédiatre, un anesthésiste », renchérit le Dr Cousin.
Le credo numéro un du SYNGOF aujourd'hui, c'est l'amélioration du suivi des grossesses, parce que « c'est là que l'on peut être les plus efficaces en termes de périnatalité ». Le SYNGOF réclame d'ailleurs la mise en place d'une consultation prénatale avant la fin du troisième mois, pour « estimer la situation médicale et sociale de chaque patiente et l'orienter au mieux pour la surveillance de sa grossesse et de son accouchement ». Le syndicat voudrait également créer un réseau périnatalité afin de pouvoir renforcer ponctuellement les équipes hospitalières. « Ne serait-ce que par l'aménagement de mi-temps », détaille le Dr Cousin. « Cela nécessite une adhésion volontaire et personnelle de la part des gynécologues, des sages-femmes et aussi des généralistes qui s'engageraient, en participant au réseau, à en observer la charte et à en suivre les sessions de FMC (formation médicale continue). »
Pour une plus grande autonomie des sages-femmes
Evidemment, les sages-femmes interviendront lors de cette assemblée. Françoise Bicheron, la présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, reste très sceptique. « Ce genre de grand-messe, qui réunit un nombre aussi important de personnes, débouche rarement sur de grandes choses. Mais nous devons tout de même y aller. » Sylvie Laberibe, sage-femme hospitalière, mâche encore moins ses mots. « Pour une fois qu'on nous tend un micro, ça change du haut-parleur ! »« Ces états généraux n'ont aucun sens, dans la mesure où la politique ministérielle est déjà toute tracée. » Les sages-femmes vont tout de même brandir leur incessante réclamation concernant leur autonomie lors de l'accouchement « normal » ainsi que le suivi des grossesses « normales ». « Cette autonomie est inscrite dans les textes mais elle est loin d'être appliquée », regrette Françoise Bicheron.
Logiquement, la FNMHPP (Fédération nationale des maternités et hôpitaux publics de proximité), se range parmi les plus farouches opposants au plan périnatalité du ministre de la Santé, Jean-François Mattei (« le Quotidien » du 28 mai). Dans un communiqué, la Fédération démonte point par point l'argumentaire avancé pour justifier les restructurations des établissements de proximité. Le coût d'abord. D'après la FNMHPP, plus une structure est petite, plus son coût est bas (à partir du seuil de 400 accouchements par an par maternité). « Il est illusoire, insistent les représentants de la Fédération, de penser qu'une économie substantielle sera faite si on réduit l'accès aux soins en maternité. » Les concentrations augmentent les coûts de transport. Et, précise le texte, « le transport n'est pas un soin mais il a un coût ». Citant l'exemple de l'hôpital européen Georges-Pompidou dont les besoins équivaudraient, d'après les calculs de la FNMHPP, à ceux de six cents hôpitaux de proximité, les membres de la FNMHPP dénoncent au passage des taux d'absentéisme plus importants dans les grandes structures. Bref, pour eux, « les heures perdues sur les routes d'un hôpital à un autre : pour le praticien, c'est du non-soin, et du risque pour le malade ».
La question de la sécurité est également reprise dans leur manifeste. D'après une enquête (1), c'est dans les régions où la densité en petites maternités est la plus forte que la sécurité des patientes est la plus garantie. D'après la Fédération, toujours, on a pu constater un nombre de transferts de jeunes mères en réanimation et de nouveau-nés en néonatalogie plus élevé dans les villes ayant perdu leur petite maternité (Bénichou et Spira, INSERM 1998).
Troisième volet des restructurations annoncées : la démographie. La Fédération note en vrac les fautes des différents gouvernements qui ont mené à la pénurie démographique : la baisse du recrutement de gynéco-obstétriciens, la formation des sages-femmes, la réduction du numerus clausus, la suppression du DES de gynéco-obstétrique. La FNMHPP n'oublie pas d'évoquer le manque d'intérêt des internes pour la spécialité de gynécologie. « Il était illusoire de penser qu'un praticien installé de longue date, assez souvent à temps partiel, lâche le site où il a vécu pour renforcer une grosse structure », telle est l'une des conclusions du texte. Les débats aux états généraux s'annoncent prometteurs.
(1) Enquête réalisée par la FNMHPP sur un effectif de 177 000 naissances colligées sur cinq ans auprès de 98 maternités de proximité pratiquant 150 à 800 accouchements par an.
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