État de mal

Publié le 26/04/2014

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Comment illustrer le mal au théâtre ? Certains metteurs en scène optent pour la voie intérieure, d’autres préfèrent le visuel, le spectaculaire. Avec Macbeth où Shakespeare raconte la gloire, puis la descente aux enfers d’un couple monstrueux, le choix est si l’on ose dire cornélien. Ariane Mnouchkine qui fête ces cinquante ans du Théâtre du Soleil et en a appris le bonheur à des générations de spectateurs, ne tranche pas. On retrouve certes avec émotion le sens du mouvement, la générosité de la troupe, la beauté de certaines images, comme ce tapis de pétales de roses qui se transforme en linceul sanglant, ou ces tables qui tournent toutes seules sur le plateau vide, illustrant la folie mise à nue de Macbeth, découverte par ses convives à l’issue d’un banquet. D’autres moments sont plus hasardeux, comme l'annonce de la mort de Lady Macbeth qui provoque le rire. La faute à la traduction d’Ariane Mnouchkine qui se veut moderne et ne restitue pas le sens du texte original ou à une interprétation qui n’est pas toujours à la hauteur de l’en-jeu. On ne dira rien du recours à un fusil à faisceau laser emprunté à un avatar de La Guerre des étoiles pour le moins étrange. Pourquoi alors représenter Macbeth aujourd’hui? La pièce doit-elle se réduire à un mode d’emploi pour tromper son époque, une sorte de précis politique à la manière d’un Machiavel ou plutôt un traité d’anatomie sur la nature du mal, ses principes vitaux et son apoptose programmée ? Même si Ariane Mnouchkine n’a pas résolu toutes ces questions, tant par sa traduction que par ses choix de mise en scène, le spectateur demeure saisi tout au long de la représentation. Et cela, quels que soient les doutes, ou les réflexions sur l’esprit de la pièce, n’a pas de prix.

Macbeth, de Shakespeare, Théâtre du Soleil, mise en scène par Ariane Mnouchkine, Cartoucherie de Vincennes.

Page réalisée par Gilles Lainé