Avec la première crise économique du temps présent, celle de 2008, les étatistes de droite et de gauche avaient cru voir venir leur heure. Après tant d’années de révolution libérale et d’abaissement de la politique nationale, ils se prenaient à espérer un coup de levier qui remettrait le service public et la morale supposée des fonctionnaires au centre de nos vies. L’État devait revenir aux manettes après en avoir tant rabattu sous les coups de libéraux patentés, d’Anglo-saxons perfides et de multinationales avides. Dans notre secteur médical et social, ces croyances expliquent en partie les attaques contre le secteur industriel et privé.
Cependant, avec le deuxième versant de la crise, celle de 2011, tout est par dessus tête. Nos pays européens, supposés à tort bien régulés, supportent mal les attaques des marchés. Et l’on assiste, en prime et en victimes collatérales, dans un langage militaro-économique, à un délitement des États, de leur puissance et de leurs capacités de protection des plus fragiles. Chez nous, n’en déplaise au gouvernement, les signaux d’alerte de la pauvreté ne sont pas faibles : remise en cause des droits d’accès aux soins pour les étrangers, baisses de subventions aux hébergements d’urgence comme le Samu social de Xavier Emmanuelli, chômage réel à 4 millions, croissance à 0 ou 1 % … Et dans un schéma institutionnel inédit, le gouvernement fait voter le PLFSS et annonce dans la foulée un budget social rectificatif moins généreux.
Alors comment affronter le présent sans condamner le futur ?
Tentons le pari d’Yves Bur (Cf. p. 13), grand pourfendeur de la mauvaise gestion de l’État social, qui nous incite à « prendre les déficits en main pour que la dette ne nous prenne pas à la gorge ». Et misons sur la recherche médicale encore convalescente (dossier pp. 18 à 23) pour nous préparer un avenir moins bouché. Les Français en Europe et dans leur État sauront au moins où on les mène, et donneront un sens à leurs efforts.
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