CONSEILLER au cabinet du ministre de la Santé, Olivier Boyer n'a pas hésité à faire le déplacement pour répondre aux interrogations et aux inquiétudes des praticiens, réunis à l'occasion de cette université d'automne par les syndicats signataires du protocole sur la nouvelle gouvernance hospitalière.
« Pièce rapportée » de cette nouvelle gouvernance : le conseil exécutif.
Présidé par le directeur d'établissement, il préparera les mesures nécessaires à l'élaboration et à la mise en œuvre du projet d'établissement et du contrat pluriannuel, a précisé le Dr François Aubart, président de la CMH. Alors, dans ce « club des quatre », conseil d'administration (CA), commission médicale d'établissement (CME), conseil exécutif et pôles, qui fait quoi, et comment prendre des décisions « médicalement plus éclairées » ? Tout le problème de la nouvelle organisation de l'hôpital est là, ou presque
Le CA sera désormais « dans une position de contrôle plus que de définition », a précisé le Dr Aubart. « La phase ascendante de propositions est confiée à d'autres lieux. »
Pourquoi ne pas supprimer purement et simplement le CA, soupire-t-on alors dans la salle. « Encore faudrait-il que le ministère en ait ce courage », disent certains .
Compétence « management ».
« Nous avons modifié l'articulation entre ces différentes instances, sachant que l'une des préoccupations majeures du ministre a été de mettre le médecin au cœur de l'hôpital », a répété le conseiller de Xavier Bertrand.
« Je pense, dit-il , que, pour que nos hôpitaux publics soient mieux gouvernés, les médecins doivent être associés à la gestion. »
Et les médecins, eux, qu'en disent-ils ? Cette réforme permettra-t-elle de « placer » des personnes compétentes en « management », s'interrogent-ils parfois ? « Il est clair que l'enjeu repose sur le fait que les responsables développent leurs qualités de management », a assuré Olivier Boyer. « Mais je pense que la fonction crée l'organe et qu'il faudra que tous les établissements s'engagent à former leurs médecins au management. » Sur la délégation de gestion, « elle dépendra de beaucoup d'éléments ; elle doit, en particulier, être aussi large que possible, et il faut laisser faire chaque établissement », a affirmé à la tribune le Pr Roland Rymer, président du Snam-hp.
Cette nouvelle organisation paraît complexe à certains (« Le nombre de réunions a été multiplié par cinq, mais ça n'a pas changé grand-chose »), voire totalement inappropriée pour d'autres. C'est le cas des gériatres qui jugent inapplicable la T2A (tarification à l'activité) dans leur secteur, majoritairement confronté à la polypathologie. De même, le découpage en pôles, qui pourrait aboutir parfois en « mégapoles », inquiète.
Autre interrogation : quelle information les médecins auront-ils sur la partie administrative ? Y aura-t-il cumul possible des fonctions de chefferie de service et chefferie de pôle ? La nouvelle gouvernance hospitalière soulève encore de nombreuses questions dans ses applications concrètes. Il faudra encore des réunions de ce genre pour tenter de dissoudre un peu mieux le flou qui persiste autour de la gouvernance et de son inséparable T2A.
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