ILS ETAIENT plusieurs centaines, dimanche, membres du collectif des « faucheurs volontaires », pour arracher un champ de maïs transgénique (des essais réalisés pour la Société Pioneer), près de Toulouse. Cet « acte de désobéissance civile », auquel ont participé José Bové et Noël Mamère et que les manifestants promettent de renouveler, avait pour but d'alerter l'opinion sur les dangers potentiels, selon les militants, des OGM et de demander l'arrêt des expérimentations en plein champ.
Dans le rapport* qu'elle a rendu public sur son site (afssa.fr) à la veille de cet arrachage, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a privilégié une nouvelle approche. Si les OGM dits de première génération ont été conçus principalement à des fins économiques, ceux de la deuxième génération, bientôt disponibles, ont des propriétés en matière de nutrition ou de santé. Peut-on, dès lors, identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ? C'est ce que l'Agence cherche à faire avec deux OGM de première génération (maïs Bt, résistant à des insectes, et betterave tolérante au glyphosate) et deux de deuxième génération (le riz doré enrichi en vitamine A et les microorganismes génétiquement modifiés). Les plantes résistant aux insectes permettent de diminuer l'exposition aux insecticides et aux mycotoxines, ce qui est intéressant surtout pour l'agriculteur. De même, avec l'introduction de variétés tolérantes à un herbicide particulier, comme le glyphosate, pourrait-il choisir des herbicides moins dangereux pour sa santé. Le riz doré enrichi en précurseur de la vitamine A est une avancée pour les pays dont la population souffre de carences, mais pour l'instant il reste très difficile de quantifier la consommation journalière nécessaire pour remédier à ces carences (les hypothèses vont de 90 à 4 500 g). Quant aux microorganismes génétiquement modifiés (MGM) vivants, avec de nombreux candidats à une utilisation en alimentation, ils devront être évalués au cas par cas.
A partir de de ces quatre « cas d'école », le rapport conclut « qu'il existe effectivement des données suggérant que les OGM considérés puissent apporter des bénéfices pour la santé humaine, mais que la quantification de ces bénéfices est difficile à réaliser surtout pour les OGM de première génération ». L'évaluation des bénéfices, identifiés, pourrait pourtant être plus facile que celle de risques hypothétiques. D'où l'intérêt d'une approche bénéfices/risques, comme celle utilisée pour évaluer les nouveaux médicaments, indispensable face aux OGM qui vont apparaître : riz et soja hypoallergéniques, protéagineux plus riches en acides animés indispensables, oléagineux à la composition en acides gras modifiée et « alicaments permettant d'envisager des formes de vaccination orale »...
Il serait dommage que la méfiance actuelle à l'égard des OGM contamine tout un secteur aussi prometteur.
* « OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ? »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature