LA REGION du Darfour est « à la veille d'un drame épouvantable », estime le Dr Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. Après trois semaines passées dans les camps où, depuis plus de six mois, un million d'habitants de l'Ouest soudanais se sont réfugiés, fuyant les tueries entre milices arabes et rebelles locaux, le Dr Jean-Hervé Bradol partage ce pronostic : « Notre grande inquiétude est la réinstallation de force des déplacés, sans sécurité, avec une pénurie de moyens matériels », déclare le président de Médecins sans Frontières, qui évoque le « risque de catastrophe sanitaire » qu'une telle réinstallation ne manquerait pas, selon lui, d'entraîner, si les autorités soudanaises parvenaient à l'imposer.
Même sans cette circonstance aggravante, la situation des réfugiés ne laisse d'être préoccupante : « On est très loin d'une mise à niveau des opérations de secours avec les besoins en aliment et en eau. Cinq litres d'eau sont fournis par personne et par jour quand il en faudrait 20 et le Programme alimentaire mondial (PAM) n'arrive à faire que la moitié de son travail », alors qu'un enfant sur quatre souffre de malnutrition et que le taux de mortalité est supérieur au seuil de catastrophe.
L'acheminement des secours est compliqué par la saison des pluies, avec des précipitations qui limitent les accès aux camps, au moins 50 camions et 200 semi-remorques manquant pour organiser les livraisons.
Pour autant, le Dr Bradol dénonce les « distorsions propagandistes » : « Il est inexact de parler de génocide, comme le font officiellement les Américains, car la situation n'a rien de comparable avec le drame rwandais de 1994 ; de même, l'évocation de phénomènes de nettoyage ethnique n'est pas justifiée. Notre expérience médicale nous conduit à dénoncer les diagnostics erronés qui compromettent les bons résultats des opérations de secours. »
Refusant de crier au loup, les médecins de MSF présents au Darfour rappellent que les diarrhées restent à ce jour la première cause de mortalité. « C'est la première catastrophe, insiste le Dr Mercedes Tatay, alors que les risques épidémiques vont crescendo , tous les facteurs d'une crise majeure se trouvant réunis : concentration de population, absence de sanitaires, saison des pluies. »
L'Organisation mondiale de la santé redoute « une catastrophe majeure » avec la menace d'épidémies de choléra, de dysenterie et de paludisme.
Pour l'heure, de nombreux cas de rougeole sont apparus ces dernières semaines ; les quelque 2 000 équipes de vaccination déployées à la lisière des zones dangereuses par l'OMS et l'Unicef ont certes vacciné deux millions d'enfants, mais, en raison des conditions d'insécurité qui règnent à l'ouest, environ 500 000 autres n'ont pas pu bénéficier de cette campagne.
La catastrophe humanitaire du Darfour
Et maintenant, les menaces épidémiques
Publié le 18/07/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7576
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