La tomographie en cohérence optique (OCT) est une technique d’imagerie classique, développée au cours des années quatre-vingt-dix, qui a connu un essor important et des améliorations significatives. La rétine est balayée par une lumière infrarouge générant instantanément des coupes structurelles choriorétiniennes in vivo. Les structures normales et pathologiques peuvent ainsi être visualisées au sein des tissus. Son émergence et son perfectionnement ont profondément modifié la prise en charge des patients souffrant d’affections vitréo-chorio-rétiniennes. Il s’agit aujourd’hui d’un examen indispensable et incontournable dans ces affections.
Lorsque les coupes OCT sont jointives, une reconstruction choriorétinienne virtuelle en trois dimensions est possible. On parle d’OCT en face quand une coupe frontale est générée, dont on règle la profondeur au sein des tissus et l’épaisseur (fig. 1).
Une sémiologie nouvelle
Évolution ultime de la technique, l’OCT-angiographie (OCTA) repose sur le principe de répéter, dans un laps de temps très court (de l’ordre des millisecondes), l’acquisition de l’OCT. Les tissus choriorétiniens étant immobiles, à l’exception des éléments figurés du sang, il devient possible de visualiser les structures vasculaires normales et pathologiques dans les différentes couches choriorétiniennes, sans injection de produit de contraste et en quelques secondes (fig. 2). Ces structures sont analysées sur des coupes d’OCT en face dont on choisit la profondeur et l’épaisseur.
Cette technique, assez intuitive, a connu un engouement sans précédent. Une nouvelle sémiologie a dû être définie et les images apprivoisées. Les néovaisseaux choriorétiniens peuvent être diagnostiqués et suivis de façon quasi immédiate et très précise, avec une mesure de leur taille (fig. 3,4). Les zones d’ischémie rétinienne, dans le cadre d’affections telles que le diabète ou les occlusions vasculaires, sont aussi détectées.
Auparavant, le seul moyen d’analyser précisément les vaisseaux consistait à injecter un produit intraveineux, avec un risque allergique et une résolution moins bonne liée aux phénomènes de diffusion des produits.
Artefacts
Cette nouvelle imagerie a néanmoins quelques limites. Il existe des artefacts liés à la clarté des milieux, ou bien aux mouvements oculaires. Et, comme pour beaucoup de nouveaux procédés, il existe une courbe d’apprentissage. La fenêtre d’acquisition est également limitée, en comparaison avec les possibilités d’imagerie classique en ultra-grand champ. N’en demeure pas moins que, dans des mains expérimentées, il s’agit un outil diagnostique d’une efficacité redoutable. Une récente étude a estimé à près de 81 % sa sensibilité dans la détection des néovaisseaux choroïdiens de la DMLA exsudative, comparée à l’imagerie classique plus invasive.
L’OCTA cherche encore actuellement sa place dans l’exploration de différentes pathologies ophtalmologiques. Il ne fait aucun doute que, avec les améliorations technologiques et de traitement d’image, elle deviendra un outil majeur dans l’arsenal diagnostic de l’ophtalmologiste. Avec des centaines de publications en seulement quelques années, un congrès international annuel réunissant près de 2000 personnes, l’ophtalmologie n’avait pas connu depuis longtemps centre d’intérêt aussi florissant et dynamique.
Hôpital Intercommunal de Créteil, Hôpital Henri Mondor
Faridi A et al. Opht Retina. 1:294-303.2017
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