Et l'Europe, dans tout ça ?

Publié le 16/05/2001
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C 'EN est presque comique : en gros, le message de Silvio Berlusconi consiste à dire qu'il va être un président du conseil sérieux et modéré et qu'il va considérablement atténuer le programme qu'il avait exposé pendant sa campagne électorale.

Dans ces conditions, on ne voit pas pourquoi il faudrait s'inquiéter de ce qu'il s'apprête à faire : aucune prédiction ne pouvant être fondée sur ses propos, il est en mesure de réinventer sa politique tous les matins.
Ne prenons qu'un exemple : l'alliance entre Umberto Bossi, anti-européen par vocation, entre autres intolérances, et M. Berlusconi, semble contenir un risque de blocage européen. C'est sûr, les Italiens n'ont pas voté Forza Italia ! pour des raisons liées à l'Union. Mais l'Italie, à ce jour, a été une ardente promotrice (et une grande bénéficiaire) de la construction européenne et les électeurs de M. Berlusconi seraient sans doute consternés d'apprendre qu'il tourne le dos à une expérience historique qu'ils ont vénérée jusqu'à présent. Aussi bien le nouvel homme fort du pays tente-t-il déjà de rassurer ses partenaires de l'Union : il ne fera rien, jure-t-il, qui soit contraire au développement de la construction européenne.
Qu'en pense M. Bossi ? L'alliance tripartite qui a la majorité absolue à la Chambre et au Sénat va-t-elle éclater dans les jours qui viennent ?
Si Umberto Bossi est plus imprégné de ses propres idées qu'intéressé par le pouvoir, il devrait rompre avec Forza Italia ! dès aujourd'hui. Or il n'en est rien : il laisse M. Berlusconi prononcer des propos lénifiants.
On ne sait donc pas s'il faut craindre M. Berlusconi parce qu'il a remporté les élections ou si, au contraire, il va se transformer, une fois à la tête de son pays, en dirigeant classique, tout dévoué aux institutions républicaines en Italie même et aux relations aimables avec les Européens et avec le monde. S'il fait cavalier seul, il pourrait porter un coup sérieux à l'Europe ; dans le deuxième cas, ou bien il mate ses amis fascisants, ou bien il ne durera pas.

R. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6919