Alors que l'épidémie grippale touche particulièrement les sujets âgés, l'option des antiviraux, l'oseltamivir (Tamiflu) par voie orale et zanamivir (Relenza) par voie inhalée, n'est pas rappelée par les pouvoirs publics.
« Je ne comprends pas ce silence radio, commente le Pr Odile Launay, infectiologue à l'hôpital Cochin et expert pour le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). On ne parle pas de la possibilité de ce traitement. Or les antiviraux agissent avec efficacité à deux niveaux : sur l'infectivité en réduisant l'excrétion virale et sur le risque de complications liées à la grippe, avec une diminution de la mortalité et des passages en réanimation ».
Dans son avis de mars 2015 relatif à l'utilisation des antiviraux en situation d'épidémie de grippe saisonnière, le HCSP recommande de cibler, que le traitement soit curatif ou préventif, toute personne relevant de la vaccination antigrippale, qu'elle ait été vaccinée ou non. « C'est-à-dire toutes les personnes à risque de complications, précise le Pr Launay. Cette année, le virus est adapté aux sujets âgés. À l'hôpital Broca (hôpital gérontologique, AP-HP), nous avons très vite utilisé les antiviraux dès les premiers cas de grippe ».
Selon le HCSP, outre les sujets à risque de complications ciblés par la vaccination (femmes enceintes comprises), sont candidats à un traitement curatif à débuter le plus tôt possible « les sujets ayant une grippe grave d'emblée ou dont l'état général s'aggrave et les personnes dont l'état justifie une hospitalisation ».
Un traitement prophylactique post-exposition (demi-dose) est recommandé chez les personnes à risque de complications ciblées par la vaccination après un contact étroit datant de moins de 48 heures, et également en collectivités de personnes à risque (ex personnes âgées). Un traitement préemptif à dose curative doit être mis en place chez les personnes ayant des co-morbidités graves et/ou instables (par exemple affections cardio-pulmonaires, immunodépression) en collectivité ou non. « Les antiviraux peuvent être utilisés plus qu'ils ne le sont aujourd'hui », estime la spécialiste.
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