ON AVAIT PRIS l'aventure en route et commenté à partir de « La Walkyrie » cette somme concoctée saison après saison depuis 1999 par le metteur en scène français Pierre Audy, directeur artistique de ce théâtre et le chef allemand Hartmutt Haenchen premier chef invité (voir Le Quotidien des 10 mai et 20 septembre 2004). « L'or du Rhin », prologue de « L'Anneau du Nibelung », n'en prend que plus de relief d'être vu après les trois journées qui suivent, tant il contient en germe l'irrésistible décadence du monde qui culmine l'œuvre par la scène finale du « Crépuscule des Dieux ». On y retrouve la même esthétique, mélange de costumes traditionnels japonisants pour les humains et futuristes pour les dieux, signés Eiko Ishioka. Contrairement à la suite du cycle, où l'orchestre partage le plateau avec les chanteurs, il est ici en abîme, dans une large fosse entourée de praticables qui déplacent une partie de l'action au bord de la salle. On est impressionné par les prouesses techniques qui permettent aux décors de George Tsypin de se déplacer dans l'espace pour créer les espaces respectifs du Rhin, du Nibelheim, du Walhalla. Quelques images sont très fortes comme la poursuite d'Alberich par les Filles du Rhin, plus femmes-araignées qu'ondines, prenant ce dernier au piège comme une mouche sur une surface de verre quadrillée. Très belle ambiance aussi au Nibelheim, en revanche assez banale montée des Dieux au Walhalla, aux antipodes de la poésie de l'inoubliable arc-en-ciel imaginé par Chéreau à Bayreuth en 1976.
Un véritable contralto.
D'une distribution de très bon niveau, on distingue le Loge cauteleux à souhait de Chris Merritt et l'Alberich de Werner van Mechelen ainsi que l'Erda d'Anne Gjevang, un véritable contralto, luxe suprême aujourd'hui. Belle Fricka de Doris Soffel mais déception pour les géants Fasolt et Fafner de Frode Olsen et Mario Luperi, loin de compte en volume et en caractère. Le Wotan d'Albert Dohmen semblait en retrait sur ses prestations des autres épisodes.
[231] suivre cependant mais on reste admiratif devant la qualité d'ensemble même si le Nederlands Philharmonisch Orkest semblait moins engagé en ce soir de première. Aussi devant la régie de Pierre Audy, magnifique théâtre donnant à voir et à penser, et que l'Opéra néerlandais ait pu fidéliser une telle équipe sur l'équivalent de six saisons. Paris aura aussi son « Ring » complet au Théâtre du Châtelet dès octobre mais, différence de taille, celui-ci sera donné en deux parties dans la saison.
De Nederlandse Opera au Muziektheater d'Amsterdam (00.31.20.551.18922 et www.dno.nl ) Deuxième cycle du 28/9 au 5/10 et troisième du 7 au 14/10.
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