Les virus du sras et de la grippe aviaire (H5N1) sont des virus émergents dangereux en raison de leur pouvoir pathogène. La connaissance du mode de transmission des infections a permis de limiter, pour le moment, l'épidémie, mais une pandémie est toujours possible. Les experts donnent quelques recommandations pour se protéger.
AU MOMENT de l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (sras : 10 000 malades, 800 morts), une collaboration scientifique internationale exemplaire a permis de connaître rapidement le virus responsable et de décrypter son génome. Il s'agit d'un coronavirus différent de ceux déjà connus chez l'animal et chez l'homme. En 2003, le virus avait été transmis à l'homme par la civette. Si, dans un premier temps, la faune sauvage a été considérée comme le réservoir de virus, il semblerait, au vu des données actuelles, que les chauves-souris jouent un rôle capital dans l'épidémie. La transmission interhumaine a notamment pu se faire par les particules de salive présentes dans l'air ambiant, entraînant une affection respiratoire dont la sévérité augmente avec l'âge du patient. Le tractus gastro-intestinal peut être aussi atteint : le virus se réplique non seulement dans les poumons, mais aussi dans l'intestin et il est retrouvé dans les fèces et dans l'urine.
Si le sujet n'est pas contagieux lors de la période d'incubation, il le devient lorsque l'affection est déclarée, d'où l'idée de circonscrire l'épidémie en isolant les malades.
Des essais de traitements prophylactiques avec les antiviraux ont été réalisés sur des modèles animaux (macaques) infectés par le coronavirus du sras. L'interféron alpha pégylé administré précocement a permis d'éviter l'infection chez le singe. Des anticorps mono- et polyclonaux sont à l'étude.
La connaissance du génome du coronavirus du sras a permis d'identifier des cibles thérapeutiques potentielles pour empêcher l'entrée du virus dans la cellule et freiner sa réplication.
Une publication très récente d'auteurs chinois (« Nature Medecine », septembre 2005) fait état de recherches sur des molécules ciblant des séquences du génome susceptibles d'inhiber le virus (si RNA).
Sur les singes infectés par le coronavirus, les si RNA étudiées ont réduit très significativement les signes et la sévérité du sras avec une bonne tolérance du traitement. Ce dernier a aussi inhibé la réplication du virus dans les voies respiratoires.
Administrés précocement avant l'infection, les si RNA étudiés ont eu un effet prophylactique aussi efficace que le traitement curatif. Une simple dose par voie nasale a permis de protéger contre l'infection. Ces essais sur l'animal devront être confirmés chez l'homme. Ils représentent un espoir important pour prévenir une épidémie en attendant qu'un vaccin soit disponible. Dans ce domaine, des candidats vaccins se sont montrés efficaces chez l'animal. Chez l'homme, les essais précliniques de toxicité sont en cours, ce qui permet de penser que le vaccin ne sera disponible que dans quelques années.
La grippe aviaire.
Autre pandémie redoutée, la grippe aviaire. Le virus est un sous-type H1N5 dont quelques cas ont été signalés en Asie et dont la mortalité élevée témoigne de la virulence du virus (66 décès au 6 octobre 2005).
Le virus de la grippe aviaire est transmis par les oiseaux. Les oiseaux migrateurs pourraient être des vecteurs du virus vers les élevages de volailles, puis vers l'homme. Pour le moment, les cas de grippe aviaire sont limités au Sud-Est asiatique chez des personnes ayant été en contact avec de la volaille. La transmission s'effectue par les mains, la salive, les sécrétions nasales, voire les selles. Les autorités de santé tentent de limiter le nombre de cas en identifiant très rapidement les malades, en les isolant et en neutralisant les élevages atteints.
Si le virus de la grippe aviaire mute pour devenir une grippe humaine transmise par voie aérienne, une pandémie peut se développer très rapidement. Est-il possible aujourd'hui de se protéger alors qu'il n'existe aucun vaccin disponible ?
Il ne semble pas possible de mettre tous les malades en quarantaine et d'administrer des antiviraux à l'ensemble des personnes susceptibles d'être contaminées.
En cas de pandémie, à l'échelle individuelle, les experts recommandent :
- de se laver souvent les mains ;
- de se vacciner contre la grippe en cas de fragilité ;
- de traiter les sujets atteints, voire, dans des conditions particulières, de mettre en place un traitement préventif dans certaines populations (professionnels de santé, par exemple).
A l'échelle de la population, ils recommandent :
- de porter un masque spécial (la France en a commandé 12 millions) ;
- d'utiliser des purificateurs dans les lieux publics (lampes UV dont l'efficacité reste à prouver).
En rappelant que la vaccination, comme pour la grippe saisonnière, est le seul moyen vraiment prophylactique pour une population.
D'après les communications de D. Milton, Boston, Etats-Unis, et A. Osterhaus Rotterdam, Pays-Bas.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature