Décision Santé. En 2007, Nicolas Sarkozy s’engageait à créer un cinquième risque.
Charlotte Brun. Le cinquième risque, ça veut dire quelque chose : c’est un nouveau risque de protection sociale sur la perte d’autonomie. Ce n’est pas ouvrir le champ aux assurances privées par exemple. De même, choix a été fait d’exclure le sujet du handicap et de se focaliser sur les personnes âgées. Donc, aujourd’hui, si le gouvernement fait un pas, ce n’est pas pour la création d’un cinquième risque, mais pour la prise en charge des personnes âgées.
D. S. On parle de mesures d’urgence via le PLF et le PLFSS de l’automne prochain.
C. B. Depuis la création de l’APA, la part financée par l’État ne cesse de diminuer. Il est donc possible que les lois de l’automne visent à essayer de soulager les conseils généraux. Mais ça ne répondra pas à l’enjeu. Les départements comme les associations de maintien et d’aide à domicile sont étranglés. Et l’enjeu du défi démographique pas encore mesuré. Il ne faut pas se tromper de débat : le bien-vieillir, ce n’est pas la dépendance. La dépendance touche 12 à 15 % des plus de 80 ans. Ce n’est donc pas le vieillissement de la population en tant que tel qui doit être visé. En soi, ce n’est pas un problème.
D. S. Quel est le débat, selon vous ?
C. B. Le débat, c’est comment on fait en sorte que la société s’adapte pour tenir compte des réalités démographiques. Cela passe par l’adaptation des logements, des maisons de retraite. C’est faire en sorte que le très grand âge ne rime pas avec l’isolement. Cela suppose une mutation en profondeur de notre politique du logement. Or, on n’en prend pas le chemin : le Parlement a voté une proposition de loi de Paul Blanc qui remet en cause l’accessibilité du bâti neuf aux personnes handicapées !
D. S. Comment se positionne le parti socialiste sur le financement de la dépendance ?
C. B. Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut pas s’appuyer sur une logique individuelle. C’est à la solidarité nationale d’accompagner la dépendance. On entend également des pistes curieuses : il est par exemple surprenant que ce gouvernement qui a quasiment annulé les droits de succession se positionne sur ce sujet. Nous avons par ailleurs en mémoire la prestation spécifique dépendance, qui existait avant l’APA et qui fonctionnait selon le principe de recours sur succession. Au mieux de sa forme, elle a profité à 140 000 bénéficiaires.
D. S. Pas d’assurance privée, pas de recours sur succession. Comment financer une telle réforme ?
C. B. On est favorable à un financement via la CSG, sachant que nous souhaitons une fusion CSG-impôt sur le revenu. En tout cas, quelle(s) que soi(en)t la ou les solution(s) retenue(s), une belle réforme d’ampleur nécessite 4 à 5 milliards d’euros. Ce qui nous laisse penser que le gouvernement actuel ne fera pas le cinquième risque. Ils feront probablement quelques petites mesures au rabais. Mais le problème avec eux, c’est que chaque fois, le verbe vaut action. Ils diront donc qu’ils ont fait le cinquième risque.
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