FORME la plus courante de démence, la maladie d’Alzheimer touche 860 000 personnes en France et plus de 25 millions dans le monde. Leur nombre ne cesse d’augmenter et les perspectives sont inquiétantes. On pourrait estimer le nombre de personnes atteintes à 1 200 000 en 2020.
Les médicaments les plus couramment prescrits, les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, procurent une augmentation temporaire des facultés cognitives, mais n’ont pas d’influence sur la cause de la maladie.
Selon les hypothèses les plus récentes, l’affection serait provoquée par l’accumulation d’amyloïde qui conduit à la formation de plaques séniles et d’enchevêtrements neurofibrillaires dans le cerveau, déclenchant ainsi un déclin cognitif progressif. La formation des plaques d’amyloïde résulte de la production et du dépôt de la protéine toxique bêta-amyloïde 42.
Les inhibiteurs sélectifs de la protéine bêta-amyloïde 42.
Premier médicament expérimental d’une nouvelle classe de médicaments, Flurizan (MPC-7869), de Myriad Pharmaceuticals, est actuellement en cours d’étude chez les patients atteints d’une forme légère. Cette nouvelle classe, les inhibiteurs sélectifs de la protéine bêta-amyloïde 42 (SALA), agit sur la cause et pas seulement sur les symptômes. On pense que Flurizan diminue la production de la bêta-amyloïde 42, empêchant ainsi l’accumulation d’amyloïde, la formation de plaques et la mort des cellules cérébrales qui en résulte.
Flurizan a évalué, dans le cadre d’un essai clinique de phase II, les capacités des patients par plusieurs tests : ADCS-ADL (destiné à mesurer la capacité à effectuer les activités de base de la vie quotidienne) ; CDR-sb (entretien semi-structuré, à la fois avec le patient et la personne lui prodiguant les soins, évaluant la mémoire, l’orientation, le jugement, l’aptitude à résoudre des problèmes, les activités sociales, les activités domestiques et les loisirs ainsi que les soins personnels) ; ADAS-Cog (test destiné à mesurer la capacité des patients à se souvenir des mots, à répondre aux instructions, à recopier des formes géométriques, à se souvenir en différé des mots, à nommer des objets et à évaluer la mémoire et la qualité d’élocution).
Déclin de 45 % inférieur aux patients sous placebo.
Cet essai, d’une durée de 12 mois, en double aveugle, contrôlé contre placebo, a étudié la tolérance de Flurizan et son efficacité sur l’évolution de la maladie chez les personnes atteintes de maladie légère. Deux cent sept patients ont été inclus à partir de trente centres d’étude au Royaume-Uni et au Canada. Les patients ont été randomisés dans trois groupes : 400 mg de Flurizan deux fois par jour, 800 mg deux fois par jour, placebo. Cet essai a permis de mettre en évidence chez les participants ayant reçu 800 mg de Flurizan deux fois par jour pendant 12 mois : un déclin de 45 % inférieur aux patients sous placebo dans les mesures comportementales (activités de la vie quotidienne), un déclin de 36 % inférieur au test CDR-sb (fonctionnement global) par rapport aux patients sous placebo et un déclin de 34 % inférieur au test ADAS-Cog (cognition) par rapport aux patients sous placebo. A l’issue de cet essai de phase II, il a été proposé aux patients canadiens de participer à une étude de continuation : les patients ayant reçu au préalable le placebo ont été randomisés dans le groupe 400 mg deux fois par jour ou le groupe 800 mg deux fois par jour ; les participants ayant reçu Flurizan dans l’essai initial ont poursuivi à la même dose.
Chez les participants dans le groupe 800 mg, le bénéfice du traitement a continué d’augmenter sur la cognition et la perte de mémoire jusqu’au 21e mois. Le niveau de fonctionnement global et d’activités de la vie quotidienne a été plus important que celui des patients des groupes 400 mg ou placebo. Les 86 patients ayant reçu 800 mg de Flurizan deux fois par jour pendant 21 mois ont présenté : un déclin de 52 % inférieur dans la mesure des activités quotidiennes, par rapport aux patients du groupe non Flurizan de l’étude ; un déclin de 75 % inférieur au test CDR-sb par rapport aux patients sous placebo et un déclin de 60 % inférieur au test ADAS-Cog par rapport aux patients sous placebo.
Sur la base des résultats de phase II positifs, Myriad Pharmaceuticals recrute actuellement des patients atteints de maladie d’Alzheimer légère dans un essai de phase III.
Réunion Myriad Pharmaceuticals. D’après la communication de Gordon G. Wilcock (université d’Oxford, UK) lors du congrès Icad 2006 (Madrid).
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