PARMI LES DIFFERENTS types de virus, tous n’ont pas le même pouvoir cancérogène. En Europe, le plus nocif est sans conteste le type HPV 16 impliqué dans plus de 65,4 % des cancers du col utérin ; un autre type, le HPV 18 est en cause dans 6,1 % des cas. A eux deux, ils sont responsables de plus de 70 % des cancers du col dans le monde et à l’origine des 71,5 % des cancers du col en Europe et en Amérique du Nord.
Plus de 50 % des femmes sexuellement actives sont susceptibles d’être infectées par un ou plusieurs HPV à un moment ou l’autre de leur vie. L’exposition à ce virus se fait par contact sexuel, chez la femme jeune le plus souvent, qu’il y ait ou non pénétration.
La majorité des femmes exposées à l’HPV développe une immunité suffisante pour éliminer le virus dans un délai de six à treize mois après la contamination, cependant chez certaines d’entre elles l’infection persiste pendant des mois, voire des années. La persistance de l’infection à HPV fait courir le risque de développer une lésion intra-épithéliale précancéreuse qui, en l’absence de traitement, peut évoluer vers un cancer du col de cinq à dix ans plus tard.
Un simple contact cutané au niveau génital.
Le préservatif ne permet pas de se protéger complètement de cette infection. La transmission du virus n’est pas exclusivement dépendante d’une pénétration : elle peut aussi survenir par simple contact cutané au niveau des parties génitales entre les partenaires.
Le cancer du col est le premier cancer à être reconnu par l’OMS comme étant attribuable à une infection.
Compte tenu de la responsabilité de l’infection à HPV oncogène, deux approches de prévention complémentaires sont aujourd’hui envisagées :
– la première est le dépistage (frottis ± test HPV) recommandé par l’Anaes, à la fréquence d’un frottis tous les trois ans, après 2 frottis normaux réalisés à 1 an d’intervalle chez les femmes de 20/25 ans à 65 ans (activité sexuelle) ;
– la seconde, à venir, la prévention primaire destinée à immuniser les femmes contre l’infection à HPV par un vaccin susceptible de prévenir le développement de ces lésions.
Le vaccin L1VLP HPV16-18 de GSK.
Ce vaccin est composé de particules pseudovirales, ressemblant en tous points au virus HPV (type 16 et 18) dépourvues de matériel génétique, donc non infectantes, qui vont stimuler le système immunitaire et donc la production d’anticorps spécifiques.
Ces particules sont des protéines issues de la protéine majeure de la capside L1. La capside est la structure qui renferme l’ADN du virus. Les L 1 ont la particularité de s’autoassembler spontanément sous la forme de pseudo-particules virales (VLP pour Virus Like Particules).
La formulation du vaccin de GSK comprend les L1 VLP des deux souches HPV 16 et HPV 18 avec un adjuvant innovant et spécifique à GSK, l’ASO4. L’ASO4 contient de l’aluminium et un composant immunogène, le MLP (3-D monophosphoryl lipid A) qui permet de renforcer l’immunogénicité du vaccin.
Deux essais cliniques, les études HPV-001 et HPV-007 ont été menées chez des femmes âgées de 15 à 25 ans. Les résultats publiés dans la revue « Lancet » en 2004 et 2006 (1-2) montrent que le vaccin GSK confère une protection à 4,5 ans, de 100 % vis-à-vis des infections persistantes à HPV 16 et HPV 18 et des CIN de haut grades associées avec une bonne tolérance.
Une autre étude de phase III, l’étude HPV-014 III (3) a été menée pour évaluer la réponse immunitaire après administration de 3 doses vaccinales chez des femmes âgées de 15 à 55 ans.
Taux de conversion de 100 %.
Les résultats préliminaires présentés à l’ASCO 2006 montrent que le vaccin est bien toléré, qu’il est hautement immunogène dans la tranche d’âge des 26-55 ans, avec un taux de conversion, chez les femmes initialement séronégatives, de 100 % pour les HPV 16 et 18 dès le 2e mois. Au 7e mois, les taux d’anticorps HPV 16 et 18 dans le groupe des 45-55 ans sont retrouvés 3 à 4 fois plus élevés que ceux retrouvés dans l’étude HPV-007.
A ce jour, le programme de développement commencé en 2003 se poursuit. Plus de 8 000 femmes âgées de 10 à 55 ans ont reçu au moins une dose de vaccin GSK. Ce programme a pour objectif de préciser l’âge de la vaccination, les modalités de prévention du cancer intégrant dépistage et vaccination préventive, la tolérance et l’efficacité à long terme de ce vaccin.
En mars 2006, GSK a déposé une demande d’AMM auprès de l’EMEA (Agence européenne du médicament). Le vaccin HPV prophylactique devrait être mis à disposition au cours de l’année 2007.
20es Journées pyrénéennes de gynécologie, symposium organisé par le Laboratoire GSK, présidé par les Prs Pierre Coursaget (Tours) et René Frydman (Clamart).
(1) Harper D. M. et al. « Lancet » 2004 ; 2004 ; 364 : 1757-1765.
(2) Haper D. M. et al. « Lancet » 2006 ; 367 : 1247-1255.
(3) Schwartz T. F. Journal of Clinical Oncology 2006, ASCO Annual Meeting Proceedings ; vol. 24, n° 18S : 1008.
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