SI LA STIMULATION cérébrale profonde est désormais une technique dont l'efficacité et la sécurité sont reconnues dans le traitement des symptômes de la maladie de Parkinson, l'implantation profonde d'électrodes n'en reste pas moins très délicate. C'est pourquoi une équipe de chercheurs français (URA CEA / Cnrs 2210, Orsay et Inserm / UPVM U 421, hôpital Henri-Mondor, Créteil) a décidé de tester l'efficacité d'un méthode alternative : la stimulation cérébrale en surperficie.
Cette stratégie innovante se fonde sur la stimulation électrique du cortex moteur via des électrodes implantées à la surface du cerveau. L'implantation des électrodes est plus simple à réaliser et, de ce fait, cette technique serait plus sûre que celle de la stimulation cérébrale profonde. Les premiers résultats présentés par Drouot et coll. indiquent par ailleurs que les deux méthodes seraient aussi efficaces l'une que l'autre dans le traitement des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.
Drouot et coll. ont testé l'efficacité de ce nouveau traitement sur des babouins. Chez ces animaux, une dégénérescence des neurones dopaminergiques induite chimiquement reproduit presque parfaitement les symptômes de la maladie de Parkinson. Les chercheurs ont pratiqué une implantation épidurale d'électrodes sur le cortex moteur des singes malades. Ces électrodes leur ont permis de délivrer des stimulations électriques de faible voltage à hautes fréquences. L'effet des stimulations sur le comportement des singes et sur l'activité cérébrale a été analysé. Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à l'impact du traitement sur l'akinésie.
Les singes récupèrent une grande partie de la motilité.
Il est apparu qu'après seulement quelques minutes de stimulation, les singes malades récupèrent une grande partie de leur motilité. En outre, l'intensité de l'ensemble des symptômes diminue significativement. Ces améliorations persistent jusqu'à l'arrêt de la stimulation.
L'analyse des changements dans l'activité électrique du cerveau des singes stimulés a révélé que la stimulation cérébrale en superficie conduit à un rétablissement de l'activité électrique du striatum. Cette région cérébrale est connue pour devenir hyperactive chez les patients souffrant de la maladie de Parkinson. C'est aussi la région ciblée par la stimulation cérébrale profonde. En utilisant la tomographie par émission de positrons (PET-scan), Drouot et coll. ont également mis en évidence un effet de la stimulation cérébrale en superficie sur l'activité du cortex moteur. Alors que cette région du cerveau fonctionne au ralenti chez les singes malades et les humains atteints de la maladie de Parkinson, le niveau d'activité mesuré chez les singes traités est pratiquement normal.
Enfin, une analyse histologique du tissu cérébral des animaux traités a permis de s'assurer de la sécurité du protocole de stimulation en surface : aucune perte cellulaire ni aucune réponse inflammatoire n'ont pu être observées dans les échantillons analysés, y compris aux abords de la région d'implantation des électrodes.
L'ensemble de ces résultats suggère donc que la stimulation cérébrale en superficie est aussi efficace que la stimulation profonde. Une étude permettant la comparaison directe des deux techniques devra cependant être réalisée pour pouvoir conclure définitivement.
X. Drouot et coll., « Neuron », vol. 44, pp. 769-778.
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