« NOS DONNEES apportent des preuves de l'efficacité du vaccin bivalent HPV-16/18 préparé à partir de particules virales non infectantes (virus-like particules L1 ou VLP) pour prévenir les infections incidentes et persistantes chez des jeunes femmes qui ont reçu la vaccination complète. » Le candidat vaccin s'est montré également efficace dans le sous-groupe des femmes qui n'ont pas suivi le protocole jusqu'au bout, ajoutent Diane Harper et coll. (Dartmouth Medical School, Hanover, Etats-Unis), dans le « Lancet ».
L'équipe a réalisé une étude randomisée chez 1 113 jeunes femmes (15-25 ans). Elles ont reçu soit le candidat vaccin, élaboré à partir de VLP contre HPV-16/18, soit des injections placebo.
Le vaccin a été donné à raison de trois injections à J0, un et six mois. L'évaluation s'est appuyée sur des frottis cervicaux réalisés pendant 27 mois après la vaccination.
Chez les 721 femmes qui sont allées jusqu'au bout de l'étude (65 %), les résultats montrent une efficacité vaccinale chez 91,6 % pour la prévention d'une infection incidente et de 100 % contre une infection persistante.
Une ou deux doses vaccinales.
Une évaluation en intention de traiter a également été réalisée. Chez les 1 113 jeunes femmes, 608 n'ont reçu qu'une ou deux doses vaccinales, l'efficacité est de 95 % contre l'infection persistante, de 93 % contre les anomalies de frottis dues à ces virus et se révèle complète contre les anomalies précancéreuses associées à HPV-16/18.
Dans un commentaire, M. Lehtinen et J. Paavonen (Helsinki) augurent : « La licence du vaccin contre l'HPV n'est pas très loin. Il pourrait représenter le premier vaccin contre une maladie sexuellement transmissible mis sur le marché. »
L'exécution de ce plan devra nécessairement passer par la réalisation d'études randomisées en situation réaliste et notamment en médecine de ville.
Différentes inconnues demeurent sur l'efficacité et l'impact en matière de santé publique. Il faut résoudre les questions concernant : la mise en œuvre d'une vaccination pour garantir une large couverture vaccinale chez des adolescentes avant qu'elles aient une vie sexuelle ; la nécessité ou non de vacciner garçons et filles ; la présence d'autres types d'HPV ; le risque ou non d'émergence d'une autre souche oncogène. Les simulations mathématiques prédisent qu'un programme de vaccination ciblant les adolescentes aurait une bonne probabilité d'efficacité à la fois dans les populations dépistées et non dépistées, ont déclaré les auteurs.
Réduirait de 70 % l'apparition des cancers.
Il a été établi qu'une prévention efficace contre les types les plus courants d'HPV, 16 et 18, réduirait de 70 % l'apparition des cancers cervicaux. Les estimations des cancers associés aux infections à haut risque par les HPV montrent une probabilité très élevée : les études cas-témoins font calculer un odds ratio supérieur à 150.
L'efficacité du vaccin divalent est un fait d'importance : le type 18 du HPV est étroitement associé à l'adénocarcinome cervical et ce dernier est difficile à détecter par frottis et coloration Pap. Les cellules cibles de ce type viral (et d'autres comme le HPV-45) peuvent être représentées par les cellules endocervicales. Le HPV-16 est plutôt associé au cancer cervical à cellules squameuses. Le type le plus fréquent est HPV-16, rendu responsable de 60 % des cancers du col, auxquels s'ajoutent 10 % supplémentaires imputés à HPV-18.
Par ailleurs, ces virus occasionnent des infections chroniques et des néoplasies sur d'autres sites : vulve, vagin, anus, pénis et oropharynx. Les résultats montrent que le vaccin protège contre les anomalies cytologiques et les cancers intraépithéliaux. Toutefois, il est nécessaire de suivre à long terme des cohortes de sujets vaccinés et non vaccinés en se fondant sur des registres de population pour faire la preuve que le vaccin est à terme protecteur contre le cancer cervical invasif.
« The Lancet », vol. 364, 13 novembre 2004, pp. 1757-1765, et commentaires, pp. 1731-1732 et 1730.
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