La cohorte MOST (Multicenter Osteoarthritis STudy) soutenue par le NIH, l’agence de santé américaine, apporte une large contribution chaque année à la connaissance de l’arthrose du genou. Ainsi, le rôle crucial de la synovite indépendamment du stade radiologique, et de l’attrition de l’os sous-chondral ont été mis en évidence : ces deux éléments sont susceptibles d’être utilisés comme marqueurs IRM dans le management des formes graves d’arthrose. En outre, la Multicenter Osteoarthritis STudy a permis de soulever le rôle de la vitamine C dans l’arthrose, en fonction de son stade (un taux élevé de vitamine C sérique est associé à l’apparition d’une arthrose de novo, tandis qu’un taux bas est associé à une aggravation d’une arthrose préexistante. C’est une notion intéressante à approfondir, et qui incite dès à présent à recommander la consommation de fruits et légumes aux patients souffrant d’arthrose.
Différentes études de la maladie arthrosique convergent vers un intérêt particulier pour des médiateurs de l’inflammation. La réputation mécanique de l’arthrose est donc en train de s’élargir. Que ce soit concernant les adipokines mises en question dans le lien entre obésité et arthrose, les métalloprotéases synthétisées par les chondrocytes en contexte inflammatoire fortement impliquées dans la dégradation de la matrice protéique cartilagineuse – et sur lesquelles de nouvelles voies d’inhibition indirecte de prostaglandines (mPGES-1) se profilent –, le Nerve Growth Factor (NGF) augmenté dans le liquide synovial des rhumatismes inflammatoires et également dans celui de l’arthrose sous l’influence notamment de l’IL-1 et du TNF-alpha… la recherche dans la maladie arthrosique progresse et donne une vision plus claire des facteurs qui ont une réelle influence sur la maladie. L’identification de nouvelles protéines, jouant un rôle-clé dans la physiopathologie de l’arthrose, pourra aboutir sur des traitements ciblés et efficaces, qu’il faudra savoir utiliser au bon moment.
Connaître l’arthrose sur le bout des doigts
?L’importance du handicap fonctionnel dans les formes érosives de l’arthrose des doigts peut justifier d’un traitement agressif. Deux molécules sont actuellement testées dans cette indication : le méthotrexate (avec, lorsque la tolérance le permet, une diminution significative du nombre d’articulations gonflées ou douloureuses, et une amélioration significative de la douleur ?EVA et la gêne fonctionnelle) et l’infliximab, un anti-TNF alpha, à partir de patients inclus dans l’étude BESt, associant arthrose des doigts et polyarthrite rhumatoïde (avec, à trois ans une progression moindre des lésions radio-
logiques comparativement au groupe n’en ayant pas reçu). Cette étude semble montrer que l’inflammation pourrait jouer un rôle dans la progression des arthroses érosives notamment des IPD et qu’un anti-TNF serait susceptible d’avoir une action favorable. Ceci justifie l’étude anti-TNF dans l’arthrose érosive des doigts qui est en train de se mettre en place avec la section arthrose de la Société française de rhumatologie.
Des remises en question
La poussée congestive d’arthrose (ou poussée inflammatoire) est considérée comme une phase où s’accélère la destruction du cartilage. Il s’agit donc d’un enjeu diagnostic et thérapeutique majeur pour lequel l’intérêt du lavage articulaire, qui est utilisé en France lors de poussées congestives, est aujourd’hui controversé. Chez l’arthrosique douloureux, le lavage articulaire n’apporte aucun bénéfice supplémentaire à une infiltration intra-articulaire d’une forte dose de corticoïdes. La place du lavage et son indication restent donc à préciser.
Cette nouvelle donnée fait partie des dernières recommandations de l’Osteoarthritis Research Society International qui, en attendant de nouveaux traitements, recadrent la prise en charge de l’arthrose dans le tact et la mesure*.
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