DE NOTRE CORRESPONDANT
CETTE ENQUÊTE a utilisé le registre national detransplantation (National Transplant Database, NTD) de UK Transplant (plus de 3 600 patients ayant eu une greffe de foie entre 1985 et 2003).
La transplantation hépatique a considérablement amélioré la survie comme la qualité de vie des patients. Il n’en reste pas moins que ces greffés sont exposés à une mortalité et à une morbidité accrues liées à divers facteurs : difficultés techniques, récidives, pathologies associées tels que le diabète, mais aussi les complications de l’immunosuppression (cancérisation, en particulier). L’examen de la survie des greffés à partir des données du NTD s’est limité aux patients ayant survécu plus de six mois après la greffe parce que, à partir de ce seuil critique, on n’observe plus de différence significative en fonction de l’année de la réalisation de la greffe.
L’enquête britannique a porté sur 2 702 patients âgés de plus de 17 ans au moment de la transplantation. Le suivi moyen après greffe des patients transplantés entre 1985 et 2003 allait de six mois à dix-huit ans.
Des disparités en fonction de la pathologie d’origine.
L’espérance de vie moyenne estimée des greffés était de 22,2 années (IC 95 % ; 19,3-25,6 ans). Par comparaison, l’espérance de vie dans une population britannique de référence, appariée pour l’âge et le sexe, était de 29,2 ans. Le nombre d’années de vie perdues était donc, en moyenne, de sept ans. Une analyse détaillée montre, par ailleurs, des disparités importantes en fonction de la pathologie d’origine. Les patients qui avaient reçu une allogreffe pour le traitement d’une cirrhose biliaire primitive avaient une meilleure espérance de vie (35,8 ans en moyenne) que ceux greffés pour un cancer (5,3), une hépatite C (12) ou une cirrhose du foie d’origine alcoolique (15). Cela s’explique par des taux de récidives et de comorbidités plus élevés pour ces dernières affections.
Une autre observation intéressante est que si les sujets opérés plus jeunes ont une meilleure espérance de vie (28,8 en moyenne pour la tranche d’âge 17-34 ans, par exemple), on enregistre aussi, chez eux, un nombre plus élevé d’années de vie perdues (22,4 en moyenne pour les 17-34 ans). Les auteurs expliquent cette apparente contradiction par le fait que les complications des immunosuppresseurs sont liées à la durée de l’immunosuppression plutôt qu’à l’âge du patient au moment où elle est démarrée. Ainsi, bien que le risque absolu de cancers denovo est plus élevé chez les greffés plus âgés, le risque relatif de ces tumeurs est plus important chez les greffés plus jeunes.
Par ailleurs, l’espérance de vie des hommes (18,3 ans en moyenne) était notablement inférieure à celle des femmes (26,8 ans en moyenne). On observait un contraste de même ordre quant aux années de vie perdues (9,3 vs 4,3), soit deux fois plus pour les hommes.
Tenir compte des progrès dans l’hépatite C.
Les auteurs notent enfin que si les progrès réalisés dans l’organisation des transplantations hépatiques a permis, comme l’indiquent plusieurs études (M. Jacob et coll, 2004), une amélioration des taux de survie à un an, la survie de ceux qui ont dépassé le cap de un an de survie après la greffe ne s’est pas modifiée de manière significative.
Ils soulignent aussi qu’il serait imprudent d’extrapoler, à un niveau individuel, ces résultats enregistrés à l’échelon d’une population, et que les estimations actuelles de l’espérance de vie devront sans doute être révisées afin de tenir compte des progrès éventuels du traitement de l’hépatite C.
(1) Barber K, Blackwell J, Collett D, Neuberger J. On Behalf of the UK Transplant Liver Advisory Group. Life Expectancy of Adult Liver Allograft Recipients in the UK. Publié en ligne dans « Gut », 2006.
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