On nous conditionne à croire que nous allons vivre de plus en plus vieux en se basant sur l’augmentation du nombre de nos octogénaires et centenaires. Mais en 1934, 1914, dates de naissance de ces personnes, la mortalité infantile est importante et ceux qui ont survécu (les plus résistants) n’ont pas été exposés dès leur enfance aux pesticides, à l’amiante, au bisphénol A, aux radiations, aux particules fines, aux conservateurs alimentaires, etc., et ils ont pu bénéficier à l’âge adulte du progrès de la médecine et des médicaments : d’où cette longévité !
Peut-on se baser sur ces mêmes données pour prédire la durée de l’espérance de vie des personnes qui naissent, grandissent et vivent dans l’environnement de pollution des pays industrialisés ? Ne peut-on pas penser que leur espérance de vie risque plutôt de diminuer progressivement ? Bronchiolite du nourrisson, allergies, asthme, diabète, thyroïdite, HTA… sont des maladies de plus en plus courantes dues ou aggravées par les pollutions ? Pour survivre ne serons-nous pas obligés de consommer, de plus en plus tôt, ces médicaments si décriés par les médecins hospitaliers, les politiques et les médias, mais qui font vivre actuellement, hors hôpital, les personnes âgées qui les utilisent ?
Où sont passées les névroses ?
Où sont passées les névroses ? Dans les années 80, l’avènement du DSM, manuel de classification américaine des troubles mentaux, a fait disparaître les névroses du champ de la nosographie psychiatrique. Pour mémoire, cet ouvrage agnostique a vu le jour en réponse au besoin d’un outil fiable, le plus objectif possible et favorisant une fidélité inter-juge pour son utilisation dans la recherche clinique. Par la suite, l’influence hégémonique des États-Unis, la pression des lobbies de l’industrie pharmaceutique et l’essor des neurosciences ont contribué à ce que le DSM occupe une place prépondérante dans la pratique de la psychiatrie en France et dans le monde. De fait, ce manuel a modifié fondamentalement l’appréhension des troubles mentaux. Et concernant les névroses, leur suppression de son répertoire psychopathologique équivaut, vis-à-vis du sujet, à occulter la censure de son désir inconscient issu de sa problématique œdipienne. Or, selon la théorie psychanalytique, l’Instance tierce ou paternelle opère une castration symbolique, c’est-à-dire pose un interdit à l’accomplissement du désir pour aboutir à son refoulement. Il en résulte de la culpabilité, de l’angoisse ou des symptômes phobiques, obsessionnels ou de conversion ayant une valeur et une signification symbolique dans l’histoire du sujet. L’apparition du DSM a produit secondairement les effets pervers suivants :
1) écarter la psychanalyse du champ de l’investigation clinique,
2) favoriser un déni du fait psychique,
3) valider un déni de la castration symbolique et faire disparaître les névroses,
4) réduire les troubles mentaux à leur expression manifeste,
5) détourner le DSM de sa destination spécifique pour la recherche en faveur d’un usage généralisé en tant que manuel de psychiatrie clinique.
Aussi, en reflet d’un monde qui change, l’évolution de la psychiatrie ne serait-elle pas à l’image d’un nouvel état d’esprit ? La prise en compte isolée du symptôme, objet d’étude et de soin, n’est-elle pas de plus en plus privilégiée au détriment de l’importance accordée au sujet dans sa globalité et son histoire ?
En outre, exclure les névroses et écarter la psychanalyse de l’approche clinique des troubles mentaux offrent le champ libre aux perversions, c’est-à-dire à l’endroit même ou le sujet et l’objet se confondent dans un déni de la différence des sexes.
Pour autant, peut-on croire que le modèle de la névrose, en tant que référence à la « Norme », a vécu au profit d’un autre modèle supposé normatif, celui de la perversion ?
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