De notre correspondant
La mort d'une patiente, le 25 janvier dernier à Madrid, dans un centre privé (donc en dehors du système de la Sécurité sociale) de soins esthétiques, a provoqué de vives réactions chez les médecins espagnols qui dénoncent le manque de contrôle des autorités sur le fonctionnement des « mini-cliniques » privées et le vide juridique en Espagne sur cette activité.
En effet, la seule spécialité médicale reconnue dans ce domaine est celle de chirurgien plastique. Les interventions esthétiques mineures, c'est-à-dire celles qui ne nécessitent pas d'anesthésie, peuvent être réalisées par un généraliste ayant reçu une formation complémentaire ; mais les opérations requérant une anesthésie (comme la liposuccion) doivent être réalisées par un chirurgien plasticien, spécialement formé.
La femme de 36 ans décédée pendant l'opération a subi une intervention que l'enquête n'a pas encore réussi à définir (liposuccion ou mésothérapie) dans un établissement privé qui n'avait pas les autorisations administrative et sanitaire ; il était dirigé par un médecin argentin, diplômé de l'université de Buenos Aires, qui s'est formé, par la suite, aux soins esthétiques, et a été autorisé à exercer la médecine générale en Espagne. Le gouvernement régional de Madrid, responsable du contrôle des établissements privés, s'est empressé de déclarer que celui-ci fonctionnait clandestinement. Il a annoncé un plan sur six mois pour contrôler les nombreuses « mini-cliniques » privées qui pratiquent la chirurgie esthétique à Madrid. Il s'assurera que des cabinets autorisés seulement pour des consultations ne se livrent pas à des opérations « lourdes », puisqu'ils n'ont pas les installations adéquates.
Un succès croissant
En 2001, les Espagnoles ont dépensé près de 900 millions d'euros pour 300 000 interventions médicales destinées à améliorer leur image. Ce nombre augmente chaque année d'environ 15 %, affirme l'Association espagnole de chirurgie esthétique. Pour la même année, l'Association de défense des patients aurait reçu 863 plaintes pour des liposuccions défectueuses, des réductions de volume de sein ou des microchirurgies labiales, dans la région de Madrid.
Pour José Maria Mugica, directeur de l'Organisation des consommateurs et utilisateurs (OCU), le décès de cette femme révèle le besoin urgent d'instaurer un « contrat » obligatoire, inspiré du modèle français, entre le centre médical et le patient, avant la réalisation d'une opération de chirurgie esthétique. L'OCU insiste sur l'importance de certains éléments de ce contrat, à mettre en place en Espagne : les informations sur l'assurance de responsabilité civile que les centres privés de soins esthétiques devraient souscrire, et leur numéro de registre sanitaire, ce qui garantirait que leurs installations ont reçu des autorités compétentes l'autorisation de fonctionner.
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