F ACE à la complexité de la prise en charge du patient déprimé, devant lequel le médecin généraliste est souvent démuni pour mettre en uvre un traitement efficace et assurer le suivi, les Laboratoires Ardix ont mis en place une étude à partir de février 1997 auprès de 288 psychiatres libéraux, incluant 868 patients âgés de 18 à 60 ans, présentant un épisode majeur isolé ou récurrent, non traité.
L'objectif majeur de cette vaste étude, dont les résultats sont maintenant connus, était d'identifier les facteurs prédictifs de la réponse thérapeutique d'un patient déprimé à une prise en charge psychothérapeutique - médico-psychologique (MP), cognito-comportementale (CC) ou d'inspiration psychanalytique (IP) - associée à un médicament antidépresseur, tianeptine 50 mg (T) ou fluoxétine 20 mg (F).
Prise en charge psychothérapeutique et médicaments
En deuxième lieu, cette étude, dont le coordonnateur était le Pr F. Rouillon, visait à comparer l'efficacité des deux traitements antidépresseurs dans chacun des groupes de prise en charge psychothérapeutique « pour apprécier l'existence d'interférences entre l'approche psychologique et l'effet pharmacologique de l'antidépresseur, et étudier l'influence spécifique des deux types de molécules sur l'un ou l'autre mode de psychothérapie proposée ». La méthodologie reposait sur un essai, multicentrique contrôlé, randomisé en double insu réalisé sur six groupes de patients déprimés traités pendant six mois, composés par MP-T, MP-F, CC-T, CC-F, IP-T, IP-F. La majorité des patients inclus étaient des femmes, et leur inclusion était fondée sur des critères reposant sur l'échelle de dépression MADRS, et le score de gravité de la maladie de l'échelle CGI. L'évaluation des réponses reposait sur des réponses des patients faites à partir d'autoquestionnaires portant sur l'adaptation sociale, les modalités de coping (échelle CISS), les traits de personnalité définissant le mieux le patient, et sur la satisfaction du patient sur le traitement prescrit.
De cette étude, il ressort qu'il n'y a pas de différence d'efficacité entre les trois modes de prise en charge psychothérapeutique et que, quelle que soit la psychothérapie envisagée, il apparaît que l'efficacité et la tolérance des deux antidépresseurs utilisés (tianeptine 50 mg ou fluoxétine 20 mg) est comparable (score MADRS et CGI), avec une réduction du score total MADRS de 64 % et avec une amélioration sur le score de la CGI pour 78,3 % des patients.
Facteurs prédictifs positifs et négatifs
Cette étude montre que les principaux facteurs prédictifs positifs de la réponse à une prise en charge associant chimiothérapie et psychothérapie sont le sexe féminin, le haut niveau socio-éducatif du patient et la bonne qualité de la relation médecin/patient. A contrario, l'âge, des antécédents de dépression, l'existence d'antécédents psychiatriques, de maladies somatiques concomitantes, des antécédents familiaux de troubles psychiatriques sont des facteurs négatifs pour une réponse à un traitement couplant psychothérapie et chimiothérapie.
En définitive, cette étude a permis de retrouver les facteurs prédictifs décrits dans des études antérieures (Sotsky 1991, Gabbard 1996, Rounsaville 1981) et souligne que si le traitement instauré pour les patients déprimés passe par un traitement médicamenteux, le soutien psychologique est « un accompagnement pratiquement obligatoire fondé sur une relation de confiance, d'écoute entre le médecin et son patient », souligne le Pr Rouillon.
Conférence de presse des Laboratoires Ardix Médical (Servier) avec, pour intervenants, le Pr F. Rouillon (Créteil), le Dr C. André, le Dr P. Cacot, le Dr B. Falissart, le Dr F. Lelord, le Dr J.-P. Rolland et le Pr J.-L. Terra, experts de l'étude ESPACE.
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