Hôte normal de la microflore intestinal, Escherichia coli peut se révéler pathogène (gastro-entérite, colite hémorragique parfois sévère...). Il est même considéré comme un germe pathogène émergent, en raison notamment de l'augmentation du nombre de repas pris hors du foyer et de l'apparition d'habitudes alimentaires nouvelles (moindre cuisson de certains aliments).
Aux Etats-Unis, par exemple, on a enregistré en 1982 deux épidémies de colites hémorragiques sévères après la consommation de hamburgers insuffisamment cuits. D'autres épidémies ont eu lieu aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon, toutes dues à E. coli O157/H7. En France, aucune épidémie de grande ampleur n'a été rapportée depuis 1996, mais la majorité de la centaine de cas de SHU (syndrome hémolytique et urémique), enregistrés chaque année (« le Quotidien » du 13 mai), sont liés à des Shiga toxines produites par les E. coli (STEC).
En 2001, la DGCCRF, la direction de l'Alimentation et la direction générale de la Santé, ont demandé à l'Agence de sécurité sanitaire des aliments un avis sur les caractéristiques à retenir pour considérer qu'une souche d' E. coli était potentiellement pathogène pour l'homme. Dans ce cadre, un groupe de travail sur les STEC (ou E. coli vérotoxiques) a été constitué. Présidé par le Dr Christine Vernozy-Rozand, il a rédigé un rapport qui fait le point sur les connaissances actuelles et définit des pistes de recherches. Il a été présenté lors d'une réunion d'information-formation organisé cette semaine par l'AFSSA.
Les STEC ont été impliquées dans de nombreuses épidémies alimentaires, rappelle le rapport. Leur ingestion, par aliments contaminés ou accidentelle, peut se traduire par une diarrhée évoluant dans 90 % des cas en diarrhée sanglante, se compliquant chez 10 % des sujets, d'un SHU, ou, chez certains adultes, d'un purpura thrombotique et thrombocytopénique. Les différentes manifestations cliniques sont liées à l'atteinte de l'endothélium vasculaire (rein, intestin, système nerveux central...). Les personnes les plus sensibles sont les enfants de moins de 3 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans. Le traitement est symptomatique et l'utilisation des antibiotiques, selon le rapport, très controversée. Il existe des porteurs sains, chez l'homme et chez l'animal.
Cuisson insuffisante
Dans le monde, les principaux aliments mis en cause lors des épidémies sont la viande hachée de boeuf insuffisamment cuite, les produits laitiers non pasteurisés, les produits végétaux crus ou non pasteurisés (salade, radis blancs, jus de pomme), l'eau de distribution. La transmission peut se faire aussi de personne à personne et par contact avec des animaux de ferme ou leur environnement. Des mesures pourraient être mises en uvre pour une surveillance microbiologique de ce type d'aliments.
Le rapport, qui se veut « une source d'informations pour les scientifiques, les industriels et le public » suggère de nombreuses pistes de réflexion et axes de recherche. Trois sont considérés comme « majeurs ». Tout d'abord, améliorer la prévention des infections à STEC avec notamment une information du corps médical sur ce danger et une sensibilisation au diagnostic STEC chez les patients présentant des diarrhées sanglantes. Ensuite, disposer d'une méthode, harmonisée au niveau national, de détection des STEC dans l'aliment et dans l'environnement. Enfin, lancer une approche d'analyse quantitative du risque STEC dans certaines familles d'aliments. Le groupe de travail STEC a du pain sur la planche.
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