ESB : vastes incertitudes sur la transmission du mouton à l'homme

Publié le 09/01/2002
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A la suite de récentes publications controversées (voir les « Quotidien » n° 6993, 22 octobre 2001 et n° 7002, 5 novembre 2001) et en raison d'un faible nombre d'animaux testés spécifiquement pour l'ESB, le risque passé et présent de transmission du prion bovin aux ovins, puis par voie alimentaire à l'homme, reste encore mal appréhendé. Pour cette raison, une équipe de statisticiens britanniques a cherché à modéliser ce risque à partir des données épidémiologiques - encore très parcellaires - actuellement disponibles au Royaume-Uni.

Ils ont ainsi défini trois scénarios : transmission à l'intérieur d'un troupeau mais pas intertroupeaux (scénario 1) ; transmission intertroupeaux et généralisation de l'épidémie (scénario 2) ; enfin, pas de transmission à l'intérieur et entre les troupeaux, alimentation comme seule voie de contamination (scénario 3). Les statisticiens ont considéré que la prévalence des cas de scrapie du mouton est de 0,3 %, puis ils ont indexé leur estimation de la prévalence des cas d'ESB à 0,5 % de ceux de scrapie pour les scénarios 2 et 3 et à 2 % de ces mêmes cas pour le scénario 1. Ils ont aussi pris en compte le fait que 67 % des moutons et 83 % des agneaux de plus de 12 mois consommés au Royaume-Uni ont été produits localement et que les seules bêtes importées avaient été élevées en Nouvelle-Zélande, pays dans lequel aucun cas d'ESB n'a été détecté.
En se référant au scénario 1, les auteurs estiment que le nombre de cas animaux et humains, qui s'est constamment élevé entre 1980 et la fin des années 1990, chute brutalement après la mise en place des mesures de précautions prises en matière d'alimentation animale et humaine (non consommation du crâne, de la cervelle, des yeux et des amygdales de mouton).
Le scénario 2 conclut à une majoration constante, après un faible ralentissement à la fin des années quatre-vingt-dix, des cas animaux et humains.
Enfin, le scénario 3 - le plus optimiste - se conclut par une quasi-disparition des cas animaux et humains dès la fin des années 1990 (pic d'incidence maximale en 1994 et baisse constante depuis cette date).
Pour pouvoir préciser le modèle statistique le plus proche de la réalité de l'épidémie, il conviendra de procéder à un certain nombre d'études épidémiologiques dans les mois qui viennent : mesure de la prévalence de l'ESB et de la scrapie chez les moutons (en stratifiant par classe d'âge) sur des échantillons représentatifs du cheptel britannique ; estimation des courbes de survie des moutons ; évaluation du degré d'infectivité des moutons, selon le délai d'infestation et le génotype tissulaire et animal ; appréciation de la susceptibilité à l'infection selon l'âge et les différentes races ; calcul annuel précis de la consommation bovine et ovine.

« Nature », 10 janvier 2002

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7041