De notre correspondant
L E nombre de signalements de faute médicale (malpractice) par les 1 401 HMO s'élève seulement à 715 pour une période de dix ans comprise entre 1990 et 1999. Quatre-vingt-quatre pour cent des HMO et 60 % des hôpitaux n'ont fait aucun signalement pendant la même période.
Cette révélation a choqué le public américain dans la mesure où un rapport de l'Institut américain de médecine, qui remonte à moins de deux ans, indique que le nombre de décès dus à des erreurs médicales peut être compris entre 44 000 et 100 000. En 1986, le Congrès, qui avait pris conscience de la prise en charge croissante des patients par les HMO dans le cadre du managed care, ou système de soins organisé, avait adopté une loi créant une banque de données des actes médicaux, la National Practitioner Data Bank. L'auteur du projet, le sénateur démocrate Ron Wyden, a déclaré que le niveau trop bas des signalements est inacceptable.
« Le rapport du gouvernement tire une sonnette d'alarme », a-t-il déclaré. La banque de données est exclusivement réservée aux hôpitaux et aux HMO et le grand public n'y a pas accès. Le rapport fédéral indique que les établissements consultent très fréquemment la banque de données mais contribuent fort peu à sa mise à jour. La persistance des erreurs médicales malgré l'existence de la banque de données a conduit l'Institut de médecine à réclamer un nouveau système de contrôle.
Aux Etats-Unis, les médecins ne peuvent exercer que s'ils disposent d'une licence que leur octroie l'Etat où ils travaillent. Un médecin qui a subi une sanction disciplinaire ou judiciaire à la suite d'une erreur médicale peut donc changer d'Etat et obtenir une nouvelle licence. C'est pourquoi la National Practitioner Data Bank a pour objectif de suivre la carrière d'un médecin quel que soit le lieu où il exerce. Encore faut-il que soient rapportées les erreurs qu'il a pu commettre.
Parmi les fautes souvent citées par le rapport, on note des actes chirurgicaux inutiles ou réalisés sur des parties saines du corps du patient ; la prescription de surdoses mortelles de médicaments ; des relations sexuelles entre praticiens et patients ; l'autoprescription de drogues ou de narcotiques par le médecin ; des fraudes au détriment de l'assurance-maladie.
Le rapport estime que « le marché de la santé a évolué de telle manière qu'il est davantage gouverné par les prix que par la qualité des soins » et que « les HMO sont devenues des organismes payeurs au sein d'un système de gestion des soins qui n'encourage pas l'attribution de ressources à l'évaluation et à l'amélioration ».
Autre explication : les HMO ne savent pas toujours qu'elles sont tenues par la loi de signaler les fautes médicales et les sanctions auxquelles elles donnent lieu. C'est en tout cas ce qu'a affirmé leur porte-parole, Carmella Bocchino ; elle a été aussitôt contredite par Margaret O'Kane, du Comité national pour la qualité de l'assurance-maladie, qui a déclaré que les HMO « évitent de signaler les fautes médicales parce qu'elles craignent d'être poursuivies en justice par les médecins. Quelquefois, à la suite d'une erreur, le médecin passe avec la HMO un accord amiable en vertu duquel il démissionne en échange du non-signalement de la faute ».
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