Face à l’augmentation des primes d’assurance et à la multiplication des demandes d’indemnisation pour erreurs médicales, plusieurs régions italiennes ont décidé de créer leurs propres fonds d’assurance ou de garantie. La Toscane, le triangle du Frioul-Vénétie-Julie, la Ligurie et la Basilique ont déjà choisi ce système. Trois autres envisagent de l’adopter : les Marches, l’Emilie-Romagne et les Pouilles.
Selon une étude de l’institut de recherche de médecine légale de l’Université catholique de Rome, 250 procès pour erreur médicale ont lieu chaque année en Italie. Un médecin sur cent est condamné en première instance. Mais depuis trois ans, le nombre de demandes d’indemnisation a bondi de 28 %.
Dans la plupart des plaintes, toutefois, l’affaire se conclut par une transaction avant le procès.
Pour se protéger du risque médical, nombre de médecins, notamment dans les spécialités exposées, adaptent leur pratique avec des soins « défensifs » souvent non pertinents. « Les médecins pensent d’abord à se protéger puis à soigner les patients, explique le Dr Marco Macri, gynécologue. Cela veut dire que nous prescrivons des tonnes d’examens pour la plupart inutiles, nous proposons l’hospitalisation... Enfin, nous faisons signer une multitude de documents aux patients par lesquels ils acceptent les traitements. » Ces actes et soins non pertinents coûteraient quelque 10 milliards d’euros par an à la Sécu transalpine, soit 0,75 % du PIB !
Observatoire ministériel
Selon les experts, le financement des fonds régionaux coûtera moins cher que cette médecine défensive.
« L’utilisation des fonds régionaux permettrait de réduire les dépenses publiques sans toucher à la qualité de la santé. Le taux de recours à la "médecine défensive" diminuerait automatiquement puisque nous n’aurions plus le problème des assurances privées », estime Antonio Palagiano, président de la commission parlementaire qui a enquêté sur l’impact des erreurs médicales.
Pour corriger la situation, le ministère de la Santé a annoncé la création d’un observatoire de surveillance. L’idée est de recueillir toutes les données sur les demandes d’indemnisation pour comprendre les raisons des accidents et prévenir les risques d’erreurs médicales. Selon la directive du ministère de la Santé, les régions devront communiquer le nombre de demandes d’indemnisations, en préciser les causes et la spécialité médicale concernée.
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