AMANDA (Evelyne Bouix) et Eliot (Pierre Arditi) se sont aimés autrefois. Ils ont même été mariés trois ans durant. Il y a cinq ans qu'ils ont divorcé et se sont perdus de vue. Chacun de son côté se remarie. Le soir même de la cérémonie, ils se retrouvent dans le même palace... et laissent là l'un et l'autre leurs nouveaux conjoints pour s'enfuir ensemble. Ils s'étaient quittés parce qu'ils étaient incapables de se tenir tranquilles deux minutes et de s'entendre sans crier. Un lustre plus tard, c'est la même chose !
La pièce est construite en deux mouvements. La scène des retrouvailles et de la fuite, puis une longue scène de ménage que n'apaisera que le retour des nouveaux conjoints de chacun. Un coup de foudre, une rupture, une dispute à rebondissements et tout rentre dans l'ordre. Rien, presque rien. De l'humour, des humeurs. C'est très représentatif de l'esprit de Noël Coward, le plus anglais de tous les écrivains anglais du XXe siècle. L'inventeur de ce que l'on nomma « englishness », quintessence du génie d'un peuple et de sa langue, quintessence des manières, de ce détachement merveilleux qui fait toute l'originalité et la supériorité d'une certaine Angleterre.
Eric-Emmanuel Schmitt, qui signe l'adaptation de « Private Lives » sous le titre « Lunes de miel », a voulu rendre la pièce un peu trop française. Bernard Murat la met en scène dans la même couleur et cherche à en faire une comédie burlesque. Mais cela donne un spectacle lourd qui ne correspond pas vraiment à la nature des interprètes qui auraient très bien pu jouer brillamment la légèreté ironique de Coward, cette manière détachée et spirituelle d'envisager la réalité, surtout lorsqu'elle ne correspond pas tout à fait à nos espérances.
C'est dommage. On aurait pu imaginer une représentation plus vive, donnée dans un décor simple, sans entracte, et jouée à toute allure. Les interprètes sont de très bons acteurs. Mais ils ne sont pas dans le ton qui leur convient : Evelyne Bouix est obligée de s'égosiller sans cesse quand elle devrait être une jeune tigresse ; Pierre Arditi pourrait retrouver la fausse désinvolture d'un Cary Grant, on l'oblige à des numéros pesants ; Sonia Vollereaux incarne intelligemment une ravissante idiote ; Franck Mercadal compose avec finesse l'ahurissement ; quant à Sophie Mayer, elle fait une démonstration d'acrobate aussi excellente qu'inutile. Dommage, vraiment dommage. Le public rit de bon cœur. Mais on aurait pu espérer tellement mieux !
Théâtre Edouard-VII, à 21 h, du mardi au samedi, en matinée à 17 h 30 le samedi, à 15 h 30 le dimanche (01.47.42.59.92). Le texte de l'adaptation est publié par « l'Avant-Scène » (10 euros).
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