Le temps est loin où la France s’émerveillait de disposer du meilleur système de santé au monde. Certes notre système de protection sociale est l’un des plus généreux. Pour autant, face à la crise économique et à l’envolée des coûts, les ressorts se grippent lorsqu’il s’agit de financer l’innovation technologique. En témoigne la publication du livre blanc sur la radiothérapie en oncologie (Cf. p. 6) et de la nouvelle enquête sur le délai d’obtention d’un rendez-vous pour une IRM. En 2013, il faut attendre 30,5 jours en moyenne dans l’Hexagone pour obtenir un rendez-vous d’IRM à réaliser en urgence selon le rapport réalisé par Imagerie santé Avenir (ISA). Après une très légère baisse en 2012, les délais sont orientés à nouveau à la hausse. Cette dégradation des résultats s’explique par un taux très faible de nouvelles installations en contradiction avec les engagements pris par les pouvoirs publics. Dans le même temps, les indications de l’IRM conjuguées au vieillissement de la population tendent à progresser. Loin de s’estomper, les inégalités régionales s’accentuent. Les auteurs de l’étude n’hésitent pas à parler d’une France coupée en deux. Résultat, « le délai moyen pondéré par la taille de la population dans les cinq régions les moins bien équipées (Pays de la Loire, Basse-Normandie, etc.) est de 43,3 jours, alors qu’il est de 23,8 jours dans les régions les mieux équipées ».
Dans le même temps, le retard français loin de se combler s’aggrave avec les autres pays européens. Avec 10,1 IRM par million d’habitants, la France se classe derrière les autres voisins occidentaux. La moyenne européenne s’établit en effet à 19,5 IRM par million d’habitants. Les plans régionaux de santé ne devraient pas permettre de combler ce fossé. ISA évalue à 1260 IRM au lieu de 646 aujourd’hui les besoins en appareil pour rattraper le retard.
En matière d’équipement lourd, le risque de décrochage avec les voisins européens est loin d’être caricatural. Il se traduit surtout par une perte de chances pour les patients. Certains se révèlent plus égaux que d’autres surtout s’ils ont la chance d’habiter dans une grande métropole régionale. Peu à peu se produit à bas bruit dans l’Hexagone, une nouvelle fracture technologique, celle d’être à proximité ou pas d’équipements lourds. Elle s’installe, l’air de rien, souvent sous couvert de qualité et de rationalisation. Elle divise de plus en plus la France en deux. En tout état de cause, les déserts médicaux ne se limitent pas à l’absence ou la présence de professionnels de santé. Comment permettre l’accès à tous à l’innovation ? Faudra-t-il encore parler demain pour la santé de service public ?
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