En matière de bioéthique, la position française – ce subtil équilibre entre l’humainement souhaitable, le techniquement faisable et l’éthiquement acceptable – est-elle encore tenable en 2011 ? Il faut croire que oui à en juger par le contenu du projet de révision des lois bioéthiques qui entre en débat mardi à l’Assemblée Nationale. Rien de bien révolutionnaire ne devrait en effet être acté par le législateur cette année. Au point que, seule « audace » préconisée par Roselyne Bachelot, la levée de l’anonymat sur les dons de sperme et d’ovocytes devrait finalement être abandonnée…
Que cela plaise ou non, force est donc de constater que sur l’accès à la PMA, la recherche sur les cellules embryonnaires, la gestation pour autrui, voire le recours à l’euthanasie, notre pays reste en retrait, plus timide, en tout cas, que nombre de ses voisins. Prudence ? Pruderie ? Le paradoxe est qu’il n’y ait plus dans l’Hexagone de majorité silencieuse pour justifier cette modération. S’agissant des sujets de société, les Français paraissent, en fait, plus libéraux que leurs gouvernants ; et les médecins que nous avons interrogés ne font pas exception à cette tendance. C’est un fait, même si, évidemment, la logique un peu binaire des sondages rend mal compte de la complexité des enjeux et des points de vue.
Sur ces questions de vie (et de mort), nos gouvernants continuent néanmoins à marcher sur… des œufs ! Ces scrupules les honorent, même s’ils les placent parfois en décalage avec le sentiment dominant. Car, quand on aborde la bioéthique, les lobbies sont bruyants, les intérêts colossaux et nos concitoyens versatiles, parfois manipulables. Dans ce contexte, le choix du juste milieu tient de l’équilibrisme. Tout va si vite en matière de bioéthique et de sujets de société. Parions donc qu’on n’attendra pas cinq ans avant que le Parlement rouvre ces dossiers, par exemple sur l’accès à la PMA des couples homosexuels ou sur le droit des malades incurables à une assistance médicale pour mourir. De ce point de vue, le débat bioéthique de la semaine prochaine à l’Assemblée, celui sur l’euthanasie la semaine passée au Sénat ne sont sans doute que de simples étapes dans un débat qui – 17 ans après les premières lois de bioéthique – donne parfois l’impression d’avoir à peine commencé.
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