Il est en médecine des notions longues à faire admettre. Depuis quelque soixante-dix ans, des chercheurs affirment que les sutures d'épisiotomie en continu entraînent moins de douleurs que celles par points séparés. Peut-être un ultime travail présenté dans le « Lancet » fera-t-il, enfin, passer ce message de façon définitive.
Christine Kettle et coll. (Birmingham, Royaume-Uni) ont souhaité vérifier cette notion ancienne. Ils y apportent une note actuelle, en testant, au passage, un nouveau fil plus rapidement résorbable.
Les médecins britanniques ont enrôlés 1 542 femmes ayant subi une épisiotomie ou un déchirure spontanée du périnée (2e degré). Par tirage au sort, elles bénéficiaient de l'une ou l'autre technique de suture (lire encadré), avec un fil de polyglactin 910 standard (Vicryl) ou à résorption rapide (Dexon).
A dix jours, parmi celles qui ont bénéficié de la technique en continu, un nombre significativement plus faible (26,5 %) a signalé des douleurs par rapport aux autres (44 %). En revanche, la qualité du fil utilisé n'a pas influé sur la survenue de ces douleurs : 33,3 % avec le Dexon et 37,1 % avec le Vicryl. Toutefois, les premières se plaignaient moins à la marche.
A trois mois, il n'existe pas de différence significative dans la survenue d'une dyspareunie à l'intromission, quels que soient la technique de suture ou le fil utilisés.
Les auteurs ont relevé davantage de demande d'ablation de fils chez les femmes ayant reçu le fil standard (98/770, 13 %) que celui de nouvelle génération (22/769, 3 %). Demande également plus fréquente chez celles ayant une suture traditionnelle, 96/769 (12 %), contre 24/770 (3 %).
Comment expliquer ces différences de douleur selon la technique ? La tension du fil créée par l'oedème semble impliquée. Avec la suture en continu, cette tension se répartit tout au long de la cicatrice. De plus avec cette méthode, le fil se situe dans les plans sous-cutanés, évitant ainsi les terminaisons nerveuses du revêtement cutané.
Les auteurs concluent leur travail en rappelant que les blessures périnéales sont un argument en faveur de l'accouchement par césarienne. Des approches telles que la leur, favorisant l'accouchement par les voies naturelles, « sont les bienvenues ». A condition de former rapidement les soignants.
« Lancet », vol. 359, 29 juin 2002, pp. 2217-2223.
Deux techniques
Suture en continu : les berges de la plaie vaginale, des muscles périnéaux et de la peau sont rapprochées avec un seul fil en continu non bloquant, lâche, partant de l'extrémité vaginale vers la région anale. Puis la peau est fermée par un surjet intradermique qui rebrousse chemin pour s'achever par un nud derrière les reliquats de l'hymen.
Technique interrompue : la plaie vaginale est refermé par points passés avec un noeud d'arrêt à la fourchette. Les plans musculaires et la peau sont suturés par points séparés.
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