CONGRES HEBDO
Les données de l'INSEE relatives à l'épidémiologie de la douleur indiquent qu'il y aurait 10 millions de patients arthrosiques en France. Chaque année, 4,5 millions de consultations médicales ont ainsi pour motif l'arthrose. Les lombalgies atteindraient 47 % des femmes et 36 % des hommes, alors que les « maux de tête » concerneraient 9 millions de sujets, selon une étude portant sur un échantillon de 500 individus. La lecture de ces données chiffrées doit tenir compte du contexte sociologique français en fonction duquel la population âgée exprime une volonté de « bien vieillir ».
Parmi les affections et les douleurs articulaires, la prévalence des atteintes ligamentaires serait de 33 %, selon une enquête italienne réalisée en 2002. Celle des lombalgies serait de 36 % et celle des arthralgies ayant une durée supérieure à 1 mois de 27 %. L'arthrose des mains aurait une prévalence de 15 % chez les plus-de-65-ans. Enfin, chez les femmes appartenant à la même tranche d'âge, la prévalence de l'ostéoporose serait de 15 %.
Lombalgies : des conséquences socioprofessionnelles importantes
Les lombalgies concernent environ de 70 à 85 % de la population en France, avec une prévalence annuelle de 30 %. Aux Etats-Unis, elles constituent la deuxième cause de consultation, la cinquième cause d'hospitalisation et la troisième cause d'intervention chirurgicale (Andersson G. B. Epidemiological Features of Chronic Low-Back Pain. « The Lancet » 1999 ; 354 : 581-585).
En France, les conséquences financières des lombalgies sont considérables. En effet, cette pathologie a un coût direct qui a été évalué à 1,2 milliard d'euros en 1990, mais, surtout, elle a été diagnostiquée dans 830 000 accidents du travail. Ces accidents ont induit la perte de 3,6 millions de journées de travail et 9 000 séquelles indemnisables. Le coût indirect des lombalgies professionnelles a ainsi pu être évalué à 530 millions d'euros par an. Cette somme se répartit pour les deux tiers en indemnisations d'incapacité temporaire de travail et pour le tiers restant en versements de rentes pour incapacité partielle permanente.
La répartition de la lombalgie chronique est variable selon le sexe et l'âge des patients. En effet, un maximum est observé entre 35 et 50 ans avec une légère prédominance féminine. Le minimum de fréquence de cette affection est atteint après l'âge de 70 ans.
Les facteurs de risque de la lombalgie chronique sont le style de vie, les caractéristiques socioprofessionnelles et les facteurs sociaux. Le surpoids, le tabagisme, la conduite des véhicules et la pratique de certains sports appartiennent à la première catégorie. Le soulèvement et le port de charges lourdes et certaines postures de travail (pousser, tirer en torsion, se pencher) sont des facteurs professionnels certains. Enfin, sur le plan social, le stress, la rapidité, l'insatisfaction et la monotonie ou l'insuffisance de responsabilités sont considérés par de nombreux auteurs comme des facteurs de risque psychologiques. Il convient d'en rapprocher d'autres éléments comme la dépression, l'angoisse, la sensibilité excessive à la douleur et le catastrophisme.
Des maladies « de tous les jours »
Concernant les cervicalgies, leur prévalence est estimée à 10-15 % de la population. Ces douleurs concerneraient plus fréquemment les femmes (12,5 %) que les hommes (9 %). Les seuls facteurs de risque actuellement identifiés sont les postures professionnelles avec rotation.
Les douleurs des épaules toucheraient, quant à elles, de 6 à 16 % de la population. Là encore, une prédominance féminine est observée. Les facteurs de risque professionnels sont caractérisés par la répétition des mouvements et les vibrations.
Pour les douleurs des mains et des poignets, enfin, les vibrations, certaines postures et en particulier le travail sur ordinateur sont des facteurs de risque bien identifiés. Leur prévalence atteindrait 40 %.
La douleur est ainsi une plainte très fréquente en rhumatologie. Les « maladies vedettes » comme la polyarthrite rhumatoïde, le rhumatisme psoriasique, le lupus ou la sclérodermie sont rarement impliquées. Les maladies « de tous les jours », en revanche, sont bien plus fréquemment en cause.
Mais des difficultés diagnostiques réelles sont possibles, comme dans le cas de la fibromyalgie par exemple.
D'après un entretien avec le Pr Richard Trèves, Limoges.
Prévention des douleurs : quelle stratégie ?
La prévention primaire des douleurs en rhumatologie nécessite d'analyser les conditions professionnelles et de déterminer si elles sont améliorables. Un entraînement sportif raisonnable est souvent nécessaire. Les douleurs aiguës récentes doivent enfin être traitées énergiquement.
La prévention secondaire implique, en particulier, une recherche du traitement et, dans certains cas, une remise en question du diagnostic et, enfin, de faire la part du facteur psychologique dans le « drame » douloureux du patient.
Dr G. Bo.
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