Le CDC (Center for Disease Control) d'Atlanta a émis un bulletin d'alerte le 8 juin 2003, en raison de l'apparition de cas d'infection virale assez semblables, cliniquement, à la variole. Trois Etats sont concernés : le Wisconsin, l'Illinois et l'Indiana. L'analyse épidémiologique a permis de retrouver un point commun chez tous les patients : le contact avec un petit rongeur, animal de compagnie de plus en plus apprécié aux Etats-Unis, le chien de prairie.
Après avoir écarté une attaque bioterroriste, les autorités sanitaires américaines ont été mises sur la piste d'un importateur d'animaux sauvages dont les entrepôts sont situés dans l'Illinois. Cette société avait importé, au début de mai 2003, des rats géants de Gambie, animaux, qui, lors de l'épidémie de 1996-1997, étaient porteurs, dans près de 16 % des cas, du virus de la variole du singe.
Rats géants et chiens de prairie
Ces rats géants ont séjourné dans le même entrepôt que des chiens de prairie qui ont été ensuite soit vendus à des animaleries du Wisconsin (Milwaukee et sa banlieue), soit exposés à l'occasion d'une grande foire aux animaux de compagnie dans le nord de cet Etat.
Les autorités sanitaires ont été alertées par l'apparition d'une virose inconnue chez 17 personnes vivant dans le Wisconsin. Ces personnes âgées de 4 à 48 ans ont présenté, dix jours après une période prodromique atypique (fièvre, myalgies, frissons et sueurs), une éruption papullaire devenant progressivement vésiculeuse, pustuleuse, puis croûteuse ou ulcérée. La distribution des lésions était assez constante chez tous les sujets : tête, puis tronc et extrémités et il coexistait souvent de façon primitive ou secondaire des lésions palmoplantaires. Enfin, une toux était présente chez près de 30 % des patients.
Une étude vétérinaire a permis de préciser le tableau clinique des animaux atteints : ils présentaient une blépharo-conjonctivite et les lésions nodulaires des extrémités.
Parmi les premiers cas survenus aux Etats-Unis, seulement une dizaine des 33 suspects ont été hospitalisés. Un traitement à base de cidofovir, un antiviral, a été proposé pour les cas les plus graves par les experts du CDC.
Le vaccin antivariolique
En se fondant sur l'analyse de la précédente épidémie africaine, il est possible d'affirmer que les cas les plus graves surviennent chez les sujets n'ayant pas été en contact avec le vaccin antivariolique dans leur enfance - aux Etats-Unis, cette vaccination a été suspendue en 1972. Par ailleurs, les travaux relatifs à l'épidémie de 1996-1997 avaient montré qu'un risque de contamination interhumaine était possible en cas de contact proche. Ce risque avait été chiffré à 8 % des sujets contacts et il était d'autant plus élevé que les sujets étaient plus jeunes, donc non vaccinés. Enfin, le taux de mortalité relevé en république démocratique du Congo était de 3,7 % et ne concernait que des enfants de moins de trois ans, décédés dans les dix jours après la phase d'infestation virale.
Pour le CDC, « il est impossible d'affirmer que le chien de prairie va rester le seul réservoir viral, car, en raison de l'alerte, il est fort probable que des maîtres de ces rongeurs vont les relâcher dans la nature pour éviter le risque domestique ».
« Emerging Infectious diseases », vol. 7, n° 3, mai-juin 2001.
L'avis de l'OMS
La variole du singe n'a jamais été détectée jusqu'à présent dans les pays industrialisés.
Elle sévissait de façon épidémique dans les villages d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest.
Le virus de la variole du singe est proche de celui de la variole et la vaccination anti-variolique confère une immunité croisée relative contre la variole du singe.
Le taux de décès en rapport avec une infection par le virus de la variole du singe est compris entre 1 et 10 %. C'est chez les jeunes enfants que le chiffre est le plus élevé.
La maladie est habituellement transmise aux hommes à partir d'écureuils ou de primates par le biais d'une morsure ou d'un contact avec le sang de l'animal.
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